Le « paradoxe » des beaux jours
Le printemps, pour Eleonore Brocq, 25 ans, psychologue à Beausoleil (Alpes-Maritimes), est avant tout une affaire de paradoxe. « C’est évidemment une période de renouveau, d’envie de changement. Une saison durant laquelle on trouve plus de motivation pour sortir, pour avoir une activité sociale. Mais il y a une autre facette. » Selon la psychologue, cette saison peut causer des troubles chez les patients les plus fragiles psychologiquement. « Cela peut avoir l’effet inverse. Voir des gens qui vont bien, sourient, profitent, peut inciter à se renfermer un peu plus sur soi-même. Le même phénomène que pendant les fêtes de Noël. Il faut être vigilant avec ces personnes-là. »
« Ne pas être dans l’excès»
L’effet du printemps n’est, selon la psychologue, plus à prouver sur notre psychisme et notre physiologie. «L’hiver, les journées sont plus courtes. On appelle cela le syndrome crépusculaire. À la tombée de la nuit, les angoisses resurgissent principalement chez les patients fragiles psychiquement. Alors que le changement d’heure rallonge les journées et raccourcit les nuits. Le soleil vient également apporter la vitamine D dont nous avons besoin. La luminothérapie influe sur le bien-être par le biais de cette vitamine D qui a des effets physiologiques. C’est acté scientifiquement. » La psychologue rappelle que la notion de printemps est souvent associée dans les grands mouvements de l’histoire, en ce qu’elle comporte une idée de changement. « On pense au Printemps arabe, à Mai 68. Nous avons tous cette représentation du printemps comme étant un renouveau. Inconsciemment, elle est inscrite en nous. » Prudente, la psychologue invite toutefois à modérer la vision trop idéaliste que nous pourrions retenir de cette saison. « Il ne faut pas se jeter à corps perdu, ne pas être dans l’excès. Dans le psychisme, il y a une temporalité à respecter. Quand cette temporalité est activée massivement, il faut pouvoir la réguler. » Le soleil, des tenues plus légères chez les hommes et les femmes, le printemps influe aussi, confirme-t-elle, sur la libido. «On traverse en hiver une période difficile, parfois fatigante, il a fait froid, on a été malade. Les journées plus longues, après le changement d’heure du printemps, donnent un nouvel élan. On a aussi plus de temps pour se faire plaisir. »