Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les Américains en masse dans les rues contre les armes à feu

Des centaines de milliers de personnes, surtout des jeunes, ont défilé à Washington et d’autres villes

-

Exaspérés par la répétition des fusillades dans leurs écoles, des centaines de milliers d’Américains sont descendus hier dans la rue pour une manifestat­ion historique contre les armes à feu. À Washington, une marée humaine a investi les avenues entre la Maison-Blanche et le Capitole. Un demi-million d’adolescent­s et d’adultes étaient attendus, avec comme mot d’ordre : « Plus jamais ça!» Et au total, plus de 800 marches étaient prévues dans d’autres villes des États-Unis (New York, Atlanta, Chicago, Saint Paul…) et dans le monde avec, partout, la jeunesse en fer de lance. Le mouvement est soutenu par de nombreuses personnali­tés (le couple Obama, George Clooney, Ariana Grande, Jennifer Hudson, Justin Timberlake, Miley Cyrus, Justin Bieber…) et plusieurs stars étaient attendues hier sur la scène dressée à Washington

«Génération Columbine»

L’événement national, baptisé « March for Our Lives » – « Marchons pour nos vies» –, est une réaction spontanée au massacre, le 14 février, de 17 personnes dans un lycée de Floride. La frustratio­n est Dans la capitale, la célèbre Pennsylvan­ia Avenue était noire de monde.

alimentée par l’inaction des pouvoirs publics, réticents à agir contre la National Rifle Associatio­n, le très puissant lobby des armes. La possibilit­é de détenir une arme à feu est considérée par des millions d’Américains comme un droit constituti­onnel fondamenta­l. Cependant,

cette fois, la tuerie commise à Parkland a soudé les lycéens, qui s’identifien­t comme «survivants » : depuis cinq semaines, ils sont omniprésen­ts dans les médias. Les armes font plus de 30 000 morts par an aux USA, où la jeunesse est

parfois présentée comme la «génération Columbine» , du nom de l’école du Colorado où deux élèves ont tué douze de leurs camarades et un professeur en 1999. Ces élèves ont vécu la totalité de leur scolarité avec cette menace permanente, spécifique aux États-Unis. Année après année, ils ont vu leurs élus faire la sourde oreille et même, récemment, le président Donald Trump proposer d’armer leurs enseignant­s.

«Chaque jour, nous avons peur d’aller à l’école»

« Nous sommes les gens qui ont peur d’aller à l’école, tous les jours, parce que nous ne savons pas si nous serons les prochains », a expliqué Lauren Tilley, 17 ans, venue spécialeme­nt de Californie. « Nous n’allons pas rester silencieux, nous allons continuer à nous battre. » Dans le rassemblem­ent géant au coeur de la capitale, une forêt de pancartes affichaien­t des slogans tels que : « J’enseigne avec des livres, non des armes », « Votre droit à détenir une arme ne l’emporte pas sur mon droit à rester vivant », ou encore « Changez la législatio­n sur les armes, ou changez le Congrès ». « Si vous tendez l’oreille, vous pouvez entendre que les personnes au pouvoir tremblent », a déclaré David Hogg, un lycéen devenu l’un des porte-voix du mouvement. « Nous allons en faire une question de vote, dans chaque élection, dans chaque État, dans chaque ville. »

 ?? (Photo MaxPPP/EPA) ??
(Photo MaxPPP/EPA)

Newspapers in French

Newspapers from France