Au Tholonet, le barrage-voûte du père d’Émile Zola
Peu avant Aix-en-Provence, lorsqu’on a quitté le Var, et qu’on roule entre les vallonnements boisés qui dominent le Tholonet, on ignore qu’au milieu de la forêt débordante de senteurs et de couleurs provençales se cache une construction d’importance historique : le premier barrage-voûte d’Europe. On appelle ainsi un barrage en forme d’arc de cercle, permettant de diriger la poussée de l’eau vers chaque côté des rives. Le barrage en question a été construit en 1847 pour approvisionner en eau la ville d’Aix. Son architecte porte un nom célèbre. Il est le père de l’écrivain Émile Zola et s’appelle François Zola. Francesco Zola, qui a francisé son prénom en François, est né à Venise en 1796, d’une famille d’officiers, originaire de Dalmatie. Luimême a servi dans les troupes du Royaume d’Italie, commandées par Eugène de Beauharnais, fils adoptif de Napoléon Ier. À la chute de l’Empire, il fait ses études à l’université de Padoue, où il obtient un diplôme en ingénierie et un doctorat en mathématiques. Exerçant son métier en Haute-Autriche, il supervise la construction du chemin de fer de Linz à Budweis, considéré comme la première ligne de chemin de fer européenne. En 1883, il s’installe à Marseille comme ingénieur des travaux publics, épouse Émilie, de 23 ans sa cadette. C’est de cette union que naîtra à Marseille l’écrivain Émile Zola, le 2 avril 1840. À cette époque, une épidémie de Nice : « L’art des cavernes » L’association Artesens qui, depuis vingt ans, met en place des expositions itinérantes pour faire découvrir les oeuvres d’art appartenant à notre patrimoine ancien et actuel, a sélectionné des oeuvres issues de sites majeurs de grottes préhistoriques en France et plus largement en Europe. Les grottes Chauvet, Lascaux, Cosquer (photo ci-dessous), Pech-Merle, Altamira mais aussi l’art mobilier d’Autriche et d’Allemagne sont mis en scène. La grotte Cosquer a été découverte à Marseille en . Ses peintures sont datées entre et ans avant notre ère. Des dispositifs interactifs, pédagogiques et sensoriels permettent de rendre ces chefs-d’oeuvre accessibles à tous . ◗ « L’art des cavernes », jusqu’au 15 avril au musée d’archéologie de Nice, site de Terra Amata, 25 bd Carnot. Ouvert tous les jours de 11 h à 18 h (fermé mardi et le dimanche de Pâques). Tél : 04.93.55.59.93. choléra venue d’Asie se répand sur l’Europe. Elle atteint Aix-enProvence en 1834. L’écrivain Jean Giono traitera du sujet, au XXe siècle, dans son roman Le Hussard sur le toit. La municipalité d’Aix décide alors de s’attaquer au problème de l’alimentation en eau potable de la ville. C’est ainsi que François Zola propose un projet de barrage, qui serait situé à une distance de sept kilomètres de la ville.
Les malversations de la Société du Canal Zola
Le projet suscite de vives discussions au conseil municipal. Tout le monde n’est pas d’accord. Le projet est finalement adopté le 19 avril 1843. L’ordonnance royale est signée en 1844, les travaux commencent en 1847. Hélas, François Fréjus : le littoral fréjussien durant l’Antiquité Tous les mercredis à h, c’est le rendez-vous des amateurs d’Antiquité. Cette visite permet d’abord de découvrir au musée les pièces majeures issues des fouilles à Fréjus depuis le XIXe siècle, dont le célèbre Hermès bicéphale. Le visiteur prendra ensuite le chemin de la crypte archéologique qui, mise au jour lors de fouilles effectuées entre -, permet de découvrir un ensemble exceptionnel : un vivier à poissons, son système d’adduction d’eau, les arches d’un aqueduc, etc. Autre rendez-vous, tous les mardis à h , au coeur de « la Pompéi provençale » : Forum Iulii a été créé entre et av. J. C. par Jules César au coeur d’une baie naturelle. Devenue colonie romaine sous l’empereur Auguste, la ville prend son essor par l’aménagement d’un important port et de nombreux édifices monumentaux. Aujourd’hui, c’est l’une des villes de France présentant le plus de monuments romains différents. Au programme des mardis : visite du théâtre, des remparts, de la porte de Rome, de l’aqueduc, de la porte des Gaules, de l’amphithéâtre et du port romain. ◗ Renseignements et réservations : service Archéologie et Patrimoine de la Ville de Fréjus. Visites découvertes : 8€ et5 €. Tél : 06.37.67.73.73. Zola ne verra jamais l’ouvrage achevé. Ayant pris froid sur le lieu des travaux, il meurt d’une pneumonie le 27 mars 1847. Son décès, à l’âge de 50 ans, laisse sa jeune femme ruinée, du fait de malversations des créanciers de la Société du Canal Zola. Ladite société est déclarée en banqueroute en 1852, vendue aux enchères en 1853. Belle source d’inspiration pour le futur romancier Émile Zola ! Le barrage n’en est pas moins achevé et mis en service. Mais en 1877, la faiblesse du débit d’eau disponible lui fait préférer le canal du Verdon. Le barrage Zola est peu à peu abandonné. De nos jours, il continue à être entretenu, considéré comme régulateur potentiel des cours d’eaux adjacents de la Cause et de l’Arc, et réservoir de secours en cas de vidange d’urgence du barrage de Bimont, situé à côté en amont. Ce mur de béton en arc de cercle caché au coeur de la forêt provençale, entre deux versants de colline, n’en demeure pas moins un monument à la gloire de l’ingénierie française. Il a donné ses lettres de noblesse à la construction des barrages-voûtes – les quatre lettres du nom Zola.
ANDRÉ PEYREGNE