Guiberto : ingénieur militaire du duc de Savoie, il devient architecte des lieux de culte
Pour effectuer les travaux de reconstruction de la cathédrale, Mgr Palletis a fait appel à un architecte niçois, Jean-André Guiberto. Né à Nice en , fils d’un homme de loi, Jean-André Guiberto, ou Guibert, commença dans le métier des armes. Il fut un des hommes forts du cardinal Maurice de Savoie qui, ayant renoncé au clergé et ayant épousé sa nièce, attaqua avec une armée la ville de Nice en pour la soustraire au contrôle de sa belle-soeur, Christine de France, fille d’Henri IV et de Marie de
Sur ce livre de comptes se trouve aussi une étonnante ligne budgétaire : amendes infligées aux paroissiens n’ayant pas respecté les jours fériés ! C’est ainsi que 30 livres et 16 sous ont été réclamés à deux barbiers qui ont travaillé un dimanche, 1 livre et 16 sous à un homme qui n’a pas respecté le repos de la fête des saints Pierre et Paul ! On trouve également trace, dans ce livre de comptes, d’une étonnante contestation du comte Barthélémy Marenco, qui n’est autre que le neveu et héritier du précédent évêque de Nice : « Mon oncle avait ordonné en 1642, durant sa maladie, de prélever sur son héritage et d’affecter à la réparation de la cathédrale 200 ducatons. J’ai refusé de les verser, car je voulais exiger la restitution de diverses argenteries dont les chanoines se sont emparés sans scrupule, comme des voleurs, durant son agonie ! »...
Des experts nommés pour rien
Médicis, qui régnait sur cette ville en tant que régente du Duché de Savoie. Elle assurait cette régence à la place de son fils Charles-Emmanuel II qui Nous voici donc en l’année 1658. Le fond de l’église est achevé. La coupole également. Au milieu du choeur, trône le tableau de SainteRéparate, qui s’y trouve toujours, dû au peintre niçois Baldoloino, et qui présente en arrière-plan, derrière la sainte, une vue du château de Nice. En cette année 1658, il est temps de s’attaquer aux travaux de la nef. Mgr Palletis souhaite rallonger celleci. Mais là encore, une maison fait obstacle à l’agrandissement. Elle se trouve au niveau de l’actuelle rue était trop jeune pour régner. Devenu gouverneur de Nice, l’ex-cardinal récompensa Guiberto en lui confiant de multiples tâches Au sein de la cathédrale, la coupole de la chapelle Sainte-Réparate, dont la reconstruction avait été exigée par l’évêque, explique pourquoi il cherchait sans arrêt de l’argent
Sainte-Réparate. C’est la maison des frères Doya. Il faudra la détruire. Les frères Doria sont coriaces. On nomme des experts pour estimer le prix de leur bien. Comme les choses s’avèrent difficiles, une commission d’arbitrage est nécessaire. Elle comprendra trois personnes : un syndic de la ville, un certain Gaspard Lascaris, désigné par l’évêque, et un certain Victor Bonetti, désigné par les frères Doya ! Mais la commission n’aura pas le temps de se réunir, car c’est en ce 18 septembre 1658 que le drame se produit. En ce mercredi, Mgr Palletis est venu à la cathédrale pour constater l’avancée des travaux. Les fidèles ont commencé à entrer pour assister à la messe. Soudain, un grand bruit dans la voûte de la nef. L’édifice tremble. Des maçons qui se trouvent là pour les travaux ont d’architecte. Il devint responsable des travaux officiels, militaires et civils et religieux réalisés à Nice. Dont la cathédrale. Mais aussi l’Église jésuite dite du Gesu à Nice. Il est également l’architecte des églises de l’Escarène, de la cathédrale de Sospel et, probablement, du sanctuaire de Laghet. Lorsqu’en , il abandonna les travaux de la cathédrale de Nice, la suite fut prise par MarcAntoine Grigho, qui fut l’un des architectes du palais princier de Monaco. Jean-André Guiberto est mort à Nice en .
compris ce qui va se passer. Ils fuient aussitôt, entraînant les fidèles avec eux. Tous sortent précipitamment. Seul l’évêque Palettis demeure pétrifié sur place. Il ne reste que lui au coeur de la cathédrale lorsque la voûte s’effondre et l’engloutit. Le fracas attire sur place le personnel du palais épiscopal. On dégage rapidement l’évêque. Il est blessé. On le transporte par le passage qui relie la cathédrale au palais épiscopal. Il meurt peu de temps après. L’évêque avait voulu mener trop vite les travaux de sa cathédrale. Ceux-ci étaient loin d’être finis. Ils ne s’achèveront qu’en 1830 ! (lire l’encadré ci-contre). La précipitation n’était pas nécessaire. La cathédrale de Nice avait inutilement tué son évêque. Vers le milieu du XVIe siècle, une seconde cathédrale est construite sur la colline du château. Elle est appelée cathédrale Notre-Dame. Un dessin d’Ercole Negro, de , permet de voir à quoi elle ressemblait. Une crypte a dû être construite au niveau des cathédrales précédentes. Après le transfert de la cathédrale dans l’église Sainte-Réparate au pied du château, en , cette cathédrale sera reléguée au rang d’église du château. Elle sera détruite le mars , lors de l’attaque du château par l’armée française commandée par le général Catinat (photo ci-dessus), envoyé par Louis XIV. Le bombardement du donjon mettant le feu à une énorme réserve de poudre fit sauter tous les bâtiments alentour, dont l’église, projetant les pierres à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Dans la première moitié du XVIe siècle, une série d’actes entérine le transfert du siège de la cathédrale, depuis la colline du château jusqu’à l’église SainteRéparate. En , une cérémonie officialise la chose. Sous la présidence de l’évêque Pallavicini et en présence du duc de Savoie, l’église Sainte-Réparate est reconnue comme « chiesa-cattedrale » (dénomination de cathédrale en italien). A la suite de l’effondrement de la voûte et de la mort de Mgr Palletis, les travaux de la cathédrale ne reprendront qu’en avec l’évêque Provana (en photo ci-contre). Le gros oeuvre se termine en . La nouvelle cathédrale est consacrée le mai . Mais le campanile, démoli en , ne sera reconstruit qu’en . Les dernières maisons alentour ont été détruites en et la façade prévue par Jean-André Guiberto achevée en , soit cent quatre-vingt ans après le début des travaux.