Mai 68 : des acteurs témoignent 50 ans après
Documentaire France 5 propose Mai 68, les coulisses de la révolte, un documentaire signé Patrice Duhamel
l’occasion du 50e anniversaire de Mai 68, Patrice Duhamel a recueilli, dans un documentaire diffusé sur France 5, les témoignages des principaux protagonistes qui donneront corps au mouvement étudiant, social et politique. Chienlit, libération, paralysie, révolte… Quel que soit le terme employé, le mouvement général dans une France sans dette reste énigmatique. Patrice Duhamel, alors en année de licence de sciences éco à Assas, se souvient : « On allait de surprise en surprise, dans un état de sidération individuelle et collective. On voyait un spectacleinimaginable,onsentait une tension incroyable ». Son documentaire donne la parole à ceux qui l’ont vécu : les leaders étudiants Daniel CohnBendit et Romain Goupil ; Édouard Balladur, qui travaille au cabinet du Premier ministre et participe aux négociations de Grenelle ; Alain Geismar (syndicat des étudiants); Christian Brincourt (Radio Luxembourg) ; Michel Drucker (journaliste à l’ORTF)… Il nous réserve aussi des pépites : le témoignage du journaliste Gilles Schneider, enlevé par les « Katangais », une bande de casseurs ; celui du général Philippe Morillon, alors capitaine etcommandantdu1errégiment de spahis prêt à intervenir ; celui de Jean Hallade-Massu, petit-fils du général Massu, chez qui de Gaulle se réfugie à Baden-Baden ; et de Françoise Bouvresse, amie de la famille Massu,invitéeaurepasquiprécéda l’arrivée de De Gaulle. Françoise de Panafieu, étudiante à Nanterre et fille de « On allait de surprise en surprise. On voyait un spectacle inimaginable, on sentait une tension incroyable », se souvient Patrice Duhamel.
François Missoffe, ministre pris à parti par Cohn-Bendit, éclaire les premières contestations étudiantes. Le chassécroisé des confidences touchantesd’YvesdeGaulle,petitfils du Général et d’Alain Pompidou, fils du futur président, soulignent les divergences entre le saint-cyrien et le normalien. Patrice Duhamel met également en lumière le rôle des radios Europe n° 1 et Radio Luxembourg : « Les manifestants utilisaient le matériel de retransmission radio pour
communiquer entre barricades et cortège ». Mais, lorsque les journalistes de l’ORTF manifesteront pour davantage de liberté, 60 seront licenciés. François de Closets rappelle : « La télévision était un élément régalien au même titre que la force nucléaire ». De nombreux journalistes assouviront ensuite leur liberté dans la presse écrite à l’instar d’un Serge July dans Libération.
ISABELLE MERMIN
Mai 68, les coulisses de la révolte à20h50surFrance5
INFO + Jacques Chirac, alors secrétaire d’État à l’Emploi, est chargé de « casser le front syndical ». Il se rend, armé, dans une chambre à Pigalle pour rencontrer Henri Krasucki, de la CGT. Édouard Balladur, qui faisait partie du cabinet du Premier ministre Georges Pompidou, fut chargé de vérifier qu’aucune porte n’était barricadée avant d’entamer les négociations de Grenelle…