Le marché vu par ceux qui le rendent si beau
Depuis des décennies, le banc de légumes de la famille Boetti, sur lequel Patrick vend à la suite de ses parents les produits de sa culture raisonnée, ensoleille les mercredis matins sur le port
Une institution du marché hebdomadaire de Sanary. Face au bleu de la mer et aux pointus bigarrés amarrés dans le port, avec lesquels il rivalise d’éclats, l’étal de Patrick Boetti qui privilégie les primeurs, scintille de milles couleurs… Et sans trucages s’il vous plaît ! Rien que du naturel ! Sur 8 mètres linéaires, les fraises rouge vif, les aubergines, courgettes et salades vert émeraude, les poivrons jaunes et oranges soleil, sont comme des phares qui attirent le chaland. La clientèle est habituée. Et de longue date parfois… «Les gens ont leurs habitudes, c’est facile de me retrouver. » Entre un vendeur de prêt-à-porter et un traiteur de Paella, devant le volailler “Chez Marcel”... L’emplacement est immuable.
« Gentillesse, fraîcheur, et prix corrects »
« J’ai bien connu ses parents, glisse malicieusement Élise, 95 ans – sans doute la doyenne du marché –, en achetant une salade au maraîcher qui travaille avec Florence et Julien, deux employés. Je ne me sers qu’ici. Il ne vend que ce qu’il produit et c’est naturel ! » Alors, Élise ? Ce marché de Sanary
est-il le plus beau de France ? « Le plus beau, je ne sais pas, mais il est beau, c’est sûr ! » philosophe la nonagénaire. D’autres clients sont plus catégoriques. « De par son cadre, la gentillesse des commerçants, ses couleurs, la fraîcheur des produits et
ses prix corrects, c’est le plus beau des marchés », adoubent Raymond et Chantal Grange. C’est vrai que les deux retraités font le déplacement de Toulon tous les mercredis matin depuis plus de 40 ans – sauf en juillet et en août, « il y a trop de monde» – et remplissent quatre ou
cinq paniers. Leurs courses de la semaine. « C’est vraiment un plaisir de venir ! » s’exclament-ils. Et ce ne sont pas les seuls à avaler les kilomètres pour les produits de Patrick Boetti : « Tenez, regardez, eux, ils viennent du Revest », rebondit le maraîcher en
montrant une allée bondée de monde. Des habitués on vous dit ! Et beaucoup ont même une astuce pour éviter le trop-plein de touristes en été. Ils s’approvisionnent en semaine sur un second banc dressé par le maraîcher sur l’allée d’Estienne-d’Orves, qui accueille le marché alimentaire quotidien. C’est vrai qu’en été, accompagnant l’afflux des vacanciers, les flashes des appareils photos crépitent. «Les gens demandent, prennent même des photos en cachette… » Décidément, s’il attire même les paparazzis, c’est que c’est la star des marchés ? Non ?