Maraîchers de père en fils à La Seyne depuis
Le maraîchage passion. Intergénérationnel. A La Seyne, sur l’exploitation familiale du quartier des Plaines, tout près du chemin de l’Oïde, bien caché au milieu des lotissements et autres îlots bétonnés, le “jardin potager” de la famille Boetti a échappé à l’urbanisation galopante qui a grignoté les terres nourricières au fil des ans. « Avant, il y avait des artichauts à perte de vue, plantés sur une vingtaine d’hectares. Jusqu’à la mer», lance presque avec regret Patrick Boetti, 53 ans, qui a pris la suite de ses parents en 1985. Un maraîcher qui avance en épousant le rythme des saisons et pratique une agriculture biologique raisonnée sous 8000 m2 de serres et sur plus de 4000 m2 de pleine terre. Avec six employés. «C’est la période des radis, blettes, fenouil, mâche et persil… Et on commence à cueillir les fraises qu’on a plantées le 20 décembre, glisse-t-il. Je vends tout au détail, j’ai besoin de diversité. » Une trentaine de légumes au total, chacun avec sa spécificité propre. «Les tomates – j’en fais pousser dix variétés – sont les plus longues à cultiver… Elles commencent à mûrir et seront prêtes à consommer fin mai. »
Sur une terre et des rendements préservés
Une terre et des rendements préservés, grâce au mode d’agriculture doux qui y est pratiqué depuis des décennies. « Chez moi, il n’y a pas de traitement, je lâche des prédateurs qui tuent les nuisibles. Il n’y a pas de produit à asperger et, le samedi et le dimanche, les petites bêtes travaillent », vulgarise le maraîcher, titulaire d’un BTS agricole, qui totalise plus de vingt ans de lutte intégrée et qui utilise aussi les plans greffes – « Regardez ! Comme pour ces aubergines par exemple » – plus résistants à la maladie… « Nous avons toujours cultivé comme ça », avance Jacques Boetti, le père de Patrick, un retraité toujours passionné et actif qui a fondé et développé l’exploitation à partir de 1968. A l’époque, il travaillait en même temps sur celle de Camp Laurent, celle que ses propres parents ont eux-mêmes exploitée de 1954 à 1978. Jusqu’à l’expropriation. « J’avais senti le vent tourner », soupire Jacques, pour qui le souvenir est encore douloureux et la plaie jamais cicatrisée. Lui aussi a toujours privilégié le naturel: «Même si c’était une autre époque, j’ai longtemps utilisé le fumier, jamais de produits chimiques… » Un père de famille qui, avec son épouse Denise, et avant son fils, a connu les trois vies du marché de Sanary. « La première fois que j’y ai dressé mon étal, c’était le 5 juillet 1958 ! se rappelle-t-il avec exactitude. Au début le marché était sur un terrain à côté de la Reppe, après il s’est déplacé sur le parking de l’Esplanade, avant le quai du port. » C’est depuis, et pour beaucoup, le plus beau marché de France. Pour l’instant dans les esprits...