Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Si chouette de voler de ses propres ailes La Celle

Après leur réadaptati­on au centre régional de sauvegarde de la faune sauvage, deux chouettes hulottes ont été relâchées au domaine de l’Escarelle, au pied du massif de la Loube Menacés par l’urbanisati­on

- E. C.

En un battement d’aile. Libre comme l’air… Si furtif soit-il, le moment est toujours empreint de majesté et de volupté. Pour les bénévoles de la LPO comme les badauds venus ce soirlà au domaine de l’Escarelle assister au relâcher de deux chouettes hulottes, l’émotion est palpable. Les deux spécimens, recueillis pour soins et rééducatio­n au centre de sauvegarde de la faune sauvage de Buoux (Lubéron), nicheront désormais dans le massif de la Loube. Un écosystème sur mesure pour ces rapaces nocturnes endémiques de la région. Le couvert forestier sur ces 1 000 hectares de nature préservés, les nichoirs installés par la Ligue de protection des oiseaux et les aménagemen­ts du domaine viticole fourniront un refuge de choix pour ces oiseaux. Pour Léna Jeannerod, qui assure en service civique pour la LPO les missions de communicat­ion de l’Escarelle et de son jardin des papillons, «le site est pleinement adapté et répond particuliè­rement au mode de vie de ces oiseaux… » Des volatiles qui sont «parmi les plus communs des oiseaux recueillis au centre de Buoux, car ils paient un lourd tribut à l’urbanisati­on… »explique le vétérinair­e de Saint-Maximin Franck Dupraz.

 animaux recueillis en 

En l’occurrence, l’une des deux chouettes relâchées, a été victime d’un accident de la route, percutée « alors qu’elle voulait sans doute se saisir d’une proie…» Traumatisé et victime de fractures, ce spécimen plutôt rare de couleur rousse – les plus communes dans la région sont grises – a passé six mois en rééducatio­n. Il a fallu lui apprendre à se réalimente­r seule, la remuscler pour qu’elle parvienne à voler de ses propres ailes. La structure du Lubéron est pour cela équipée de tout le nécessaire, et rompue à de telles interventi­ons. Une volière tunnel de trente mètres de long, un cortège de bénévoles et deux vétérinair­es salariés… Ce sont ainsi pas moins de 1600 animaux qui sont accueillis chaque année au centre régional. Principale­ment des volatiles et petits mammifères. « Un chiffre qui a explosé ces denières années » précise, inquiet, le vétérinair­e. D’ailleurs, six hérissons auraient aussi dû prendre le large à la même occasion au domaine de l’Escarelle. Mais le relâcher à finalement été ajourné dans l’attente de températur­es plus clémentes. Joseph Bruner a joué les chauffeurs depuis Buoux pour acheminer les deux volatiles dans leur nouvel espace naturel. Comme lui, ils sont nombreux à ne pas compter leur temps au service de la LPO. Beaucoup de monde, de tout âge, mais tous amoureux de la faune sauvage, pour ce relâcher de chouettes hulottes. Six mois de réadaption pour l’une. Trois mois seulement pour l’autre. Arrivée de la Tour

d’Aigues (), la jeune chouette hulotte grise a été trouvée au sol, très maigre et déshydraté­e. Un gavage à la sonde et des injections de réhydratan­t ont précédé sa rééducatio­n en volière de  mètres. Quant à la chouette hulotte rousse, elle a été prise en charge au centre de sauvegarde après avoir été heurtée par un véhicule à La Ciotat. Victime d’une fracture du cristallin, très douloureus­e chez les rapaces, elle ne s’alimentait plus seule pendant un mois. Malgré des traitement­s antidouleu­r. Elle a par la suite pu rejoindre quatre de ces congénères dans une volière de huit mètres où elle a rapidement su se remuscler sur les différents perchoirs installés. Clou de la rééducatio­n, son transfert dans la volière de trente mètres où ses muscles respiratoi­res ont été remis à contributi­on. La plus grande difficulté pour les rapaces sera désormais de se réhabituer au milieu naturel, de partager leur territoire avec leurs congénères déjà installés et de se faire une place en cette pleine période de reproducti­on.

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(Photos Gilbert Rinaudo) Immobile et stressé au fond de son carton, le coeur palpitant à un rythme effréné… mais plus d’appréhensi­on une fois la liberté retrouvée. Libre comme l’air n’est pas un vain mot.
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Un regard perçant, le bec affûté et des griffes parfaiteme­nt acérées… derrière cette petite boule de poils et de plumes capable de tourner la tête à presque  degrés se cache un redoutable prédateur nocturne.
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