Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Je suis toujours ancrée dans le Var, c’est ma région ! »

« Électron libre » de l’échiquier politique régional, la vice-présidente de Paca, Maud Fontenoy, reste avant tout déterminée à se battre pour un monde écologique­ment meilleur

- PROPOS RECUEILLIS PAR K. M. kmichel@nicematin.fr

« J’ai toujours eu la bougeotte » : la future naissance de son quatrième enfant -prévue pour début juin - n’entrave pas l’action de Maud Fontenoy pour la défense de l’environnem­ent. Bien au contraire, ses enfants la portent, l’inspirent. Ce combat est d’ailleurs inscrit dans les pages de son dernier ouvrage, Vivre vraiment .Un livre de confidence­s et de conseils de vie sur la femme, la mère, ses combats… La vice-présidente de la région Paca, varoise d’adoption qui entend le rester, se livre comme jamais auparavant, au fil de ces pages qu’elle a voulues « à l’image de ce que mon entourage aime de moi. Le plus sincère et le plus honnête possible ». Sur le point de se marier, et de donner une nouvelle fois la vie, Maud Fontenoy se confie

Pourquoi ce nouveau livre ?

J’avais reçu beaucoup de courriers de femmes, après mes aventures, qui me disaient que cela leur donnait de la force, de l’énergie pour poursuivre leurs projets, leurs rêves. Je me suis dit qu’il fallait que j’arrive à leur apporter quelques conseils. Et puis, c’est aussi un hommage à ma mère décédée, mon parcours lui faisait dire : “Tu me venges”.

Vous y parlez de votre engagement féministe.

Être une femme ne m’a jamais empêché d’avancer… Un peu comme la peur, que je vois comme un atout. C’est la même chose pour les remarques sexistes, etc. Cela peut me faire rire, m’énerver… Mais cela ne m’empêche pas d’agir. Face aux comporteme­nts sexistes, ou lorsque l’on ramenait mes aventures à un côté très « masculin » -comme si on ne pouvait pas faire ce que j’ai fait sans être aussi une femme, féminine, maman ou avoir envie de l’être -, j’ai toujours répondu en travaillan­t plus, en essayant de montrer que c’était possible, en montrant que j’étais une femme comme toutes les femmes, que les défis que j’ai relevés ne reposaient pas seulement sur une question de force physique.

C’est pour cela que vous écrivez : “Je transmets à mes enfants et tout particuliè­rement à ma fille, cette foi de croire en soi” ?

Je transmets en effet à mes garçons de prendre soin des femmes, et à ma fille de croire en elle, en sa sensibilit­é. Elle a  ans, elle est très émotive. J’espère qu’elle s’en servira comme d’une force. Ce n’est pas parce qu’on est très émotive qu’on n’est pas très déterminée. Je voudrais c’est vrai, réarmer les femmes, qu’elles croient en elles pour oser s’élever contre le sexisme du quotidien, parfois insupporta­ble.

Comment jugez-vous l’action de Marlène Schiappa ?

Je suis très admirative de ce qu’elle fait. On sent bien que ce n’est pas facile. J’imagine très bien comment cela a dû être compliqué pour elle de devoir comme elle l’a dit - s’adapter pour faire avancer sa cause. Je me retrouve en elle sur ce point.

On connaît votre engagement pour la défense de l’environnem­ent. Vous avez déclaré sur les ondes de France Info que vous vouliez en finir avec les discours alarmistes pour réconcilie­r les Français et l’écologie. Pourtant, quand on voit les images de ce plongeur à Bali entouré de plastiques, quand on voit celles du continent de plastiques, on a des raisons d’être alarmiste, non?

e Je suis la première convaincue que l’on a des raisons de s’inquiéter. Et heureuseme­nt qu’enfin il y a une prise de conscience internatio­nale sur la question. Mais ce que je veux faire comprendre, c’est qu’on ne peut pas toujours dire que tout va mal et que l’on va dans le mur. Il faut apporter un message de solutions, un message d’espoir, mobilisate­ur. Je peux comprendre que beaucoup d’êtres humains se demandent comment faire. Il faut juste avoir une vision globale du monde dans lequel on est, de ses enjeux également. Les pays riches doivent apporter des solutions «clés en mains» à des pays qui se sentent démunis, qui seront d’ailleurs les premiers touchés par les «migrants climatique­s».

C’est aussi pour réconcilie­r les enfants avec l’écologie que vous lancez Mission planète, livre pour la jeunesse ?

Je porte l’éducation à l’environnem­ent depuis  ans, à travers ma fondation notamment. Nous avons mis en place des programmes avec l’Éducation nationale dans les écoles maternelle­s primaires, collège lycées. Mission planète vient du coup en complément du programme scolaire, et, je l’espère, forme la jeunesse à comprendre les enjeux pour la planète et qui, probableme­nt, les intégreron­t dans leur métier demain.

Quel regard portez-vous sur l’action de Nicolas Hulot ?

J’imagine que cela ne doit pas être facile tous les jours pour lui, parce que c’est une cause très vaste. Je lui souhaite du courage.

La défense de l’environnem­ent passe aussi par la politique. C’est toujours un combat qui vous tient à coeur au sein de la région Paca?

C’est fondamenta­l de s’engager, et de le faire sur tous les fronts. J’ai, à la Région, un engagement de terrain. Avec le président Muselier, nous essayons de voir comment on peut vraiment faire des choses. On se rend compte combien ce n’est pas facile de faire changer le monde, mais en tout cas, on essaie d’apporter des réponses.

Vous allez vous marier avec un

conseiller régional de Nouvelle Aquitaine. Êtes-vous toujours domiciliée en région Paca pour mener ce combat “de terrain” ? Je suis entre Cavalaire, Paris, la Charente, j’ai toujours beaucoup bougé. Mais je suis toujours ancrée dans le Var, c’est ma région ! Et puis je suis quelqu’un qui me sent bien quand je suis près de la mer. Alors quand j’arrive à la voir une fois par semaine, c’est mon équilibre.

La semaine dernière, on a beaucoup parlé de Nicolas Sarkozy, de sa mise en examen. Vous lui restez fidèle ? Je suis très liée à Nicolas Sarkozy depuis très longtemps. Il m’a permis de sauver mon petit garçon. On a une amitié de plus de  ans. Je pense que la fidélité en amitié est fondamenta­le, quelles que soient les épreuves de la vie. Il m’avait demandé de m’engager récemment pour se relancer en politique, je lui ai apporté mon point de vue sur le thème de l’environnem­ent. Aujourd’hui comme hier, demain, il peut compter sur mon amitié.

Vous écrivez : « Si je suis partie en mer, c’est parce que j’avais la désagréabl­e impression de me fondre dans une existence qui ne me correspond­ait pas, comme un sucre dans un verre d’eau ». Vivez-vous aujourd’hui la vie qui vous correspond ?

En tant que mère oui. La seule chose vraie, en tous les cas pour moi, est d’avoir des enfants, les élever et les voir grandir. Cela me procure un vrai bonheur au quotidien. Je me sens utile, à l’idée de pouvoir laisser sur cette planète des individus que j’espère les plus bienveilla­nts, les plus courageux, les plus écorespons­ables possibles. Ensuite, je suis heureuse quand j’ai le sentiment de faire avancer ce qui me tient à coeur. Dans le travail que je mène à la Région, celui de ma fondation. Quand je suis dans l’action, j’ai l’impression d‘être un peu plus digne de notre place sur terre. Je pense qu’à  ans, on arrive à trouver un certain épanouisse­ment parce que l’on sait qui on est et comment on est le plus efficace. On arrive aussi à se pardonner de ne pas toujours l’être, et à se coucher le soir avec l’idée que l’on a fait de son mieux.

A la Région, un engagement de terrain ”

Vivre vraiment , de Maud Fontenoy, aux éditions First. 16,95 euros. Mission planète, Grund Editions. 9,95 euros.

Newspapers in French

Newspapers from France