Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Trois ans de prison ferme pour un coup de fusil à Besse-sur-Issole

La compagne du médecin cannois tué en Guyane mise en examen

- G. D. G. A. PROPOS RECUEILLIS PAR FLORIAN DALMASSO

Même si les faits étaient reconnus, le mobile du coup de fusil qui avait blessé un habitant de Besse-sur-Issole le 22 mars 2017 est resté mystérieux hier, devant le tribunal correction­nel de Draguignan. Il l’était déjà après l’informatio­n judiciaire du juge, saisi à l’époque pour une tentative de meurtre. En fin d’instructio­n, ces faits criminels avaient été requalifié­s en délit de violences avec arme en réunion, ayant entraîné plus de huit jours d’incapacité. Ses deux auteurs, en récidive légale, ont été condamnés à cinq ans de prison, dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, le tribunal ordonnant leur maintien en détention.

Blessé au pied

Le 22 mars vers 17 heures, un surnommé « Zaza » avait été pris pour cible devant son domicile de Besse par deux hommes sortis d’une Clio. L’un d’eux avait ouvert le feu à courte distance avec un fusil de chasse, chargé d’une munition de type «Gom-cogne ». La bille de caoutchouc avait atteint la victime à un pied, lui occasionna­nt quinze jours d’incapacité. Ne souhaitant pas porter plainte, «Zaza » avait dit avoir été touché par un projectile qui Le tribunal correction­nel de Draguignan n’a pas réussi à éclaircir cette affaire.

ne lui était pas destiné. Un témoin avait reconnu sur photo Florian Perez, 28 ans, qui avait été arrêté le surlendema­in. Quant à Vincent Perez, 24 ans, (ils ne sont pas parents), dont l’empreinte génétique avait été identifiée sur la place passager de la Clio, il avait été arrêté au mois d’août suivant.

Stupéfiant­s, dette ou cigarettes

Devant le juge d’instructio­n, Florian Perez avait d’abord indiqué que sous la pression il avait servi de chauffeur, dans une affaire qui ne le concernait pas. Selon lui, ce devait être une guerre de territoire dans le trafic de Il est un peu plus de 11 he, samedi dernier, lorsqu’une patrouille de gendarmes croise sur la route d’Apatou (au nord ouest de la Guyane française) un pick-up conduit par une jeune femme visiblemen­t très paniquée. Cette dernière est brésilienn­e, maîtrise mal le français, mais parvient à expliquer la situation : son compagnon, Bruno de Matteis, est allongé à l’arrière du véhicule et se vide de son sang. Le réseau téléphoniq­ue fonctionne très mal. Il faut le transporte­r d’urgence à l’hôpital. À bord, se trouve également le fils de la jeune femme, âgé de 12 ans, ainsi que sa nounou... Bruno de Matteis est victime d’un arrêt cardio-vasculaire respiratoi­re. Il succombera avant d’avoir pu rejoindre le centre hospitalie­r de Saint-Laurent. D’après nos informatio­ns, son corps présentait deux impacts de balle : l’un au niveau du thorax, l’autre au niveau du bras. Sur place, l’affaire fait grand bruit. Les rumeurs vont bon train dans l’ouest guyanais, où le médecin obstétrici­en vivait depuis novembre 2015 avec sa compagne. Arrivé en Guyane il y a trois ans, Bruno de Matteis était affecté au centre hospitalie­r de l’ouest guyanais (Chog), à Saint-Laurent-duMaroni.

Armes et or

stupéfiant­s, pour récupérer le point de vente de Bessesur-Issole. Puis il avait parlé d’une dette, ou encore d’une affaire de cigarettes. De son côté, Vincent Perez avait confirmé le mobile d’une dette, et dit qu’il avait tiré parce qu’il avait vu « Zaza » mettre la main dans sa sacoche, peut-être pour en sortir une arme. Quant à la victime, elle a indiqué n’avoir aucun contentieu­x avec Florian Perez, ne pas détenir d’arme et n’être impliquée dans aucun trafic.

Un commando

On n’en a guère appris davantage à l’audience, où le Selon sa compagne, Bruno de Matteis était parti pour tirer au fusil dans une carrière en pleine forêt, à quelques pas de la route qui relie Saint-Laurent-du-Maroni (la deuxième ville du départemen­t) à Apatou. Sa concubine procureur Guy Bouchet s’est dit persuadé qu’on était en présence d’une lutte de territoire. Compte tenu des casiers judiciaire­s des deux prévenus, il a requis contre eux cinq ans de prison ferme, pour « une opération commando en coaction ». Le tribunal n’est pas resté sourd aux arguments de Mes Marie-Luce Chabert et Lionel Ferlaud en défense. Il a partiellem­ent assorti d’un sursis avec mise à l’épreuve la peine requise, prévoyant dans sa décision une obligation de travail et l’interdicti­on de tout contact avec « Zaza ». aurait précisé que le médecin azuréen était un passionné de tir sportif. Un fusil a d’ailleurs été retrouvé plus tard à bord de son pick-up… Une enquête a rapidement été ouverte, le parquet de Cayenne préférant alors n’écarter aucune hypothèse. D’abord auditionné­e en tant que simple témoin, la compagne du médecin a été placée dans la foulée en garde à vue. Elle aurait alors expliqué que des coups de feu ont été tirés « accidentel­lement ». Elle aurait poussé involontai­rement le fusil placé sur un rondin de bois. Mais les deux autres personnes présentes au moment du drame auraient affirmé l’avoir vue avec le fusil en main, sans préciser si celui-ci était pointé en direction de la victime. La jeune femme (31 ans), en situation irrégulièr­e, a été mise en examen pour meurtre et détention d’or... Car les perquisiti­ons au domicile du chirurgien et de sa concubine ont permis de mettre la main sur 11 armes à feu et près de 2 kg d’or (le kilo étant estimé à près de 35 000 euros) contenus dans un coffre-fort. Créée en 2012 à la suite du drame de Collobrièr­es, l’associatio­n varoise Étoiles bleues a été officielle­ment désignée par la direction générale de la gendarmeri­e comme seule associatio­n française apte à recevoir des dons en faveur de la famille du colonel Beltrame. Fonds reversés, objectifs, modalités, le président de la structure, Gilles Bidaut, fait le point.

Par qui, et comment avez-vous été mis au courant de cette nouvelle ?

Nous avons été contactés lundi soir par la direction générale de la gendarmeri­e, en la personne du colonel Arviset, commandant du Conseil de la fonction militaire de la gendarmeri­e (CFMG). La gendarmeri­e souhaite trouver une associatio­n pour récolter les fonds qui venaient des quatre coins de France, surtout afin d’éviter qu’ils soient éparpillés. Mardi matin, à  heures, ce même colonel, avec l’accord du directeur général de la gendarmeri­e, Richard Lizurey, a choisi comme unique structure l’associatio­n des Étoiles Bleues pour regrouper tous ces fonds pour le colonel Beltrame.

Qu’est-ce que cette décision représente pour vous, président des Étoiles bleues ?

C’est une grande marque de confiance de la part du directeur de la gendarmeri­e que de nous choisir. L’associatio­n Étoiles bleues existe depuis , à la suite du malheureux drame de Collobrièr­es, où nous avons perdu deux collègues et amies, Audrey et Alicia. Le but premier de la structure est de s’occuper des orphelins des gendarmes tués en service. Pour nous, être sollicités dans une telle situation nationale, c’est quelque chose de très fort. Nous sommes la seule à se charger de centralise­r les dons.

À quoi serviront ces dons ?

Pour l’instant, je remarque que cela fait un peu comme pour le drame d’Audrey et Alicia. Le Français est toujours très touché quand il y a un drame sur des militaires. Il faut savoir que les Français versent de l’argent et sont très généreux. Cet argent sera reversé bien évidemment aux familles pour les aider du mieux possible. De notre côté, pour l’heure, on ne sait pas encore pour quoi il sera utilisé, mais ce qui est sûr, c’est qu’il reviendra de droit aux familles. C’est assuré.

Quelles sont les modalités pour effectuer un don ?

C’est très simple. Pour faire un don, il y a deux possibilit­és. La première, c’est en se rendant sur le site de l’associatio­n ou sur la page Facebook de l’associatio­n Étoiles Bleues. Il y a des petits boutons avec « Faire un don pour le colonel Beltrame ». De là, il y a un petit formulaire à remplir. Ensuite, il faut se munir de sa carte bancaire et le retrait se fait immédiatem­ent. La deuxième solution, c’est par courrier, en écrivant et en envoyant un chèque avec le libellé « Associatio­n Étoiles Bleues - AB », directemen­t au siège de l’associatio­n, au  rue Louis-Honoré,  Pierrefeu-du-Var. Bien évidemment, tous les dons seront défiscalis­és. Les personnes recevront en suivant un titre de défiscalis­ation avec une lettre de remercieme­nts pour leur soutien. Je tiens à préciser que nous sommes la seule associatio­n de France à avoir été choisie. Nous avons, malheureus­ement, déjà reçu des messages de personnes qui essayent de nous biaiser. La direction générale prend le sujet très au sérieux et fait le nécessaire pour qu’il n’y ait pas la moindre escroqueri­e.

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(Capture d’écran Guyane La ère) (Photo DR) (Photo Luc Boutria) Le Dr de Matteis avait fait ses études à Nice. Gilles Bidaut, président de l’associatio­n varoise Étoiles bleues.

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