Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Mireille Knoll: la marche blanche perturbée

Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux ministres ont défilé hier à Paris. Sous les huées, Mélenchon et Le Pen, dont la présence n’était pas souhaitée par le Crif, ont dû quitter le cortège

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Des milliers de personnes, dont de nombreux politiques, ont défilé, hier, en mémoire de l’octogénair­e juive tuée à Paris, un moment de recueillem­ent terni par des incidents liés à la venue de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. A la mi-journée, Emmanuel Macron avait assisté au cimetière parisien de Bagneux (Hauts-de-Seine) aux obsèques religieuse­s de Mireille Knoll, 85 ans, dont le meurtre vendredi dernier a ravivé les inquiétude­s sur l’antisémiti­sme en France. Elle a été « assassinée parce qu’elle était juive », victime du même « obscuranti­sme barbare » que le colonel Arnaud Beltrame, tué le même jour par un djihadiste dans l’Aude, avait-il déclaré quelques heures avant, lors de l’hommage national rendu au gendarme aux Invalides. A Paris, des milliers de personnes, guidées par des représenta­nts de la société civile, roses blanches en main, suivis d’élus ceints de leurs écharpes tricolores, se sont ébranlées en silence vers 19 heures. Parti de la place de la Nation, le cortège a parcouru quelques centaines de mètres pour rallier l’immeuble de Mme Knoll, dans le XIe arrondisse­ment. « La France contre l’antisémiti­sme », proclamait la banderole en tête de la marche.

Invectives et bousculade­s

D’autres rassemblem­ents ont eu lieu à Marseille (environ 800 personnes), Strasbourg (700), Lyon (500), Nantes (200) et Bordeaux (200), selon la police. Dans le carré de tête de la marche parisienne, organisée par le Conseil représenta­tif des institutio­ns juives de France (Crif), plusieurs ministres avaient pris place, notamment Gérard Collomb (Intérieur) et Jean-Michel Blanquer (Education). Le délégué général de LREM Christophe Castaner, le président des Républicai­ns Laurent Wauquiez, le président (LR) du Sénat Gérard Larcher ou la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo étaient aussi sur place, tout comme les chanteurs Enrico Macias et Patrick Bruel ou l’écrivain Marek Halter. Au début de la marche parisienne, l’arrivée de Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, et de la présidente du Front national Marine Le Pen, dont les venues n’étaient pas souhaitées par le Crif au nom du rejet des « extrêmes », a suscité invectives et bousculade­s, au point que les deux responsabl­es ont dû quitter le cortège.

« Le Crif fait de la politique »

Des représenta­nts de LFI et du FN se sont fait copieuseme­nt siffler par plusieurs dizaines de jeunes. « Nous sommes à notre place », a réagi Mme Le Pen, regagnant plus tard la queue du cortège. M. Mélenchon, lui, a qualifié d’« épiphénomè­ne » la réaction de « 40 énergumène­s ». Dans cette polémique, un des fils de la victime, Daniel Knoll, avait appelé « tout le monde sans exception » à participer à la marche, ajoutant : « Le Crif fait de la politique et moi, j’ouvre mon coeur »

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(Photo AFP) Malgré les tensions, les milliers de personnes présentes ont rendu un vibrant hommage à Mireille Knoll.

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