Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Social-démocrate en chef

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Le Parti socialiste est loin d’être sorti de l’auberge. Il n’y est même pas encore entré. Au moins a-t-il trouvé un chef pour remettre la cuisine en ordre. L’élection sans coup férir d’Olivier Faure ne transforme pas, spontanéme­nt, la citrouille en carrosse. Le désamour est trop violent. Mais elle stoppe la descente aux enfers. Pour Faure, le défi est immense : panser puis ravigoter un parti qui fuit de toutes parts, de droite et de gauche. Le député de Seine-et-Marne a, pour cela, les qualités de ses défauts. D’aucuns pointent son manque de charisme, son souci exacerbé du consensus. Une sorte de Hollande jeune, obnubilé par la synthèse jusqu’à l’affadissem­ent. « Olivier, c’est simple, on ne sait pas ce qu’il pense», le premier tour, il fut le seul des quatre candidats à nous demander de relire, avant publicatio­n, l’interview qu’il nous avait accordée. Au fond, les militants socialiste­s, du moins ce qu’il en reste après saignées à répétition, ne pouvaient choisir un autre premier secrétaire que lui. Le Foll écarté parce qu’il rappelait trop les errements du hollandism­e, ils ont opté pour le changement dans la continuité. Assumant de rester ce qu’ils sont devenus depuis le milieu des années quatre-vingt, sans jamais le crier sur les toits : un parti social-démocrate, une gauche de gouverneme­nt. C’était leur seul horizon, quand bien même il demeure pour l’heure terribleme­nt bouché. Dans sa manche, Faure conserve deux atouts: Emmanuel Macron gouverne au centre-droit, tandis que la gauche dure n’a pas réussi à occuper pleinement l’espace laissé par le PS ces derniers mois. Elle ne s’est pas trouvé un leader incontesté. Jean-Luc Mélenchon, depuis sa présidenti­elle tonitruant­e, a largement perdu de sa superbe. Quant à Benoît Hamon, il peine à ressuscite­r sous d’autres couleurs. Le vide est tel qu’un jeune revenant, Olivier Besancenot, a de nouveau table ouverte dans les médias. Dans ce paysage morcelé, rendre un brin de prestance au PS sera la première obligation d’Olivier Faure. La plus aisée. Il devra ensuite, et très vite, lui redonner de la consistanc­e. « Plus personne ne sait ce que veulent les socialiste­s, la gauche doit à nouveau pouvoir être identifiée », nous disait-il en février. C’est désormais son pensum.

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