Var-Matin (La Seyne / Sanary)

CHAMPIONS CUP (QUART DE FINALE, MUNSTER - TOULON : -) Suta assommé devant la télé

Opéré du tendon d’Achille il y a un mois, Jocelino Suta, le « doyen » des Rouge et Noir était parmi nous pour vivre, avec rage, ce quart devant le petit écran.

- PAUL MASSABO

Il se prend la tête entre les mains lorsque Nigel Owens, l’arbitre gallois de ce quart, porte le sifflet à la bouche. La rencontre vient de se terminer. Les derniers espoirs toulonnais se sont envolés dans le ciel irlandais. Les illusions perdues. Toulon s’incline sur le fil. Il peut, comme Jocelino Suta, nourrir bien des regrets. Le « doyen » rouge et noir, sur le flanc après avoir été victime d’une rupture du tendon d’Achille à l’entraîneme­nt le 20 février puis opéré une semaine plus tard, semble assommé. Avec sa paire de béquilles et une grosse botte au pied droit, le deuxième ligne piaffe, enrage, s’enthousias­me, peste. Prêt à pousser en mêlée, à sauter en touche, à se jeter dans un ruck, il vit la rencontre. À en pleurer dans ce final assassin. Il pourrait bien mettre un grand coup de pied à suivre dans un fauteuil, une chaise ou n’importe quoi d’autre. Par dépit. Par tristesse. Par rage. Il choisit, par pudeur, de cacher sa détresse et préfère dissimuler sa tête entre des mains qui s’apparenten­t à des battoirs. Et pourtant, il y a cru jusqu’au bout. À cinq minutes de la fin, il lâche, en voulant se rassurer: « Pour l’instant, on y est ! »

Canapé et petit-lait

Deux minutes plus tard, après le terrible essai d’Andrew Conway, il accuse le coup mais veut encore y croire. Il encourage de la voix et du geste « Fouasse » (François Trinh-Duc), qui a, cette fois, bien dosé le renvoi. Mais ça ne suffira finalement pas. Invité à venir suivre ce quart de finale dans les locaux de Var-matin, « Joce » est resté sagement installé dans le canapé de la salle des sports dans un premier temps, un café à la main. Il paraissait même boire du petit-lait avec la belle entame de ses pairs. Puis les choses se sont gâtées à la fin du premier acte. Le convalesce­nt a alors fait grise mine, même s’il restait persuadé que ses partenaire­s finiraient par l’emporter. « J’aurais mis ma main à couper qu’on allait gagner làbas », lâche-t-il dépité. Il profite (pour se rassurer ?) de la pause pour échanger quelques textos avec Juan (Fernandez Lobbe) finalement resté dans le Var. Il a suivi avec une attention toute particuliè­re la rencontre puis avec une réelle fébrilité cette fin de match crispante, rageante, frustrante, décevante.

Rebondir très vite

Le joueur originaire de Wallis-et-Futuna regrette: « On fait un sacré début et puis après, on commet trois petites fautes et on panique. » En garçon bien élevé, « Joce » se contient, mais on sent bien qu’à l’intérieur, ça bout. Il finit d’ailleurs par l’avouer. « Si j’avais été chez moi, je crois que j’aurais cassé deux ou trois trucs. On a manqué de maîtrise. Même à domicile, on ne s’en serait pas sorti en offrant autant de cadeaux. À présent, il faut vite évacuer la frustratio­n. Il ne reste plus beaucoup de matches pour aller chercher un titre. On vient de griller un joker. À nous de rebondir au plus vite pour finir si possible dans les six – ou plutôt dans les quatre – premiers, en se focalisant sur les quatre derniers morceaux qui nous attendent. »

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(Photos Patrick Blanchard) Jocelino Suta a vibré pendant quatre-vingts minutes avec la rédaction sportive de Var-matin. Au final, cette éliminatio­n était à en pleurer.
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