Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le chiffre

Présenté demain en Conseil des ministres, ce texte baptisé Élan (Evolution du logement et aménagemen­t numérique) sera débattu au Parlement à partir du mois de juin

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 C’est l’âge qu’aurait eu Serge Gainsbourg hier. Cela a fait  ans, ce lundi, que le chanteur a disparu.

Le gouverneme­nt Macron va-til réussir là où tous les autres ont échoué ? Quintupler les ventes annuelles de logements sociaux comme le souhaite le gouverneme­nt afin, dit-il, de permettre aux bailleurs sociaux de construire davantage, a déjà été tenté dans le passé, révélant un certain nombre d’obstacles. «Dans cette loi il y a surtout une évolution du modèle économique du logement social », estime JeanClaude Driant, professeur à l’École d’urbanisme de Paris et spécialist­e des politiques du logement. « Le reste, ce sont des mesures qui vont dans le bon sens pour faciliter la constructi­on mais dont il ne faut pas attendre monts et merveilles », dit-il.

« Une dynamique qui existe depuis dix ans »

Ce projet de loi s’inscrit « dans une dynamique qui existe depuis une dizaine d’années», estime M. Driant. Ainsi, au ministère du Logement, Benoist Apparu (20092012) «voulait libérer l’urbanisme », Cécile Duflot (2012-2014) a facilité les ventes de foncier public, rappelle-t-il. Même « le grand slogan “construire plus, mieux, moins cher” n’a rien de nouveau », dit-il. « On avance plutôt lentement, dans une direction sans doute vertueuse, pour libérer les forces », mais sur le secteur, « le choc d’offre est une illusion car les effets de la politique publique n’apparaisse­nt qu’au bout de pas mal d’années d’un effort constant ». Pour «construire plus», outre l’abattement fiscal – inscrit en loi de Finances 2018 consenti aux particulie­rs qui cèdent d’ici fin 2020 un terrain où seront bâtis des logements, le projet de loi Elan doit faciliter les cessions de foncier public avec « décote » – à des prix inférieurs à leur valeur. Créées par la loi Duflot du 18 janvier 2013, ces opérations se sont avérées « complexes » à mener pour un résultat encore décevant, estimait la Cour des comptes en janvier : sur les 110 000 mises en chantier de logements espérées sur 2012-2016, seules 6 700 ont été lancées. Toujours pour soutenir la constructi­on, déjà dynamique avec 418 900 logements neufs mis en chantier en 2017, Elan comporte des mesures techniques saluées par les profession­nels, promoteurs et entreprise­s du bâtiment, comme la création d’outils facilitant les opérations d’aménagemen­t urbain. Aussi très attendus par le secteur : l’encadremen­t des recours contre les permis de construire qui devront être jugés en 10 mois par les tribunaux, l’assoupliss­ement des normes d’accessibil­ité aux handicapés, la transforma­tion de bureaux en logements facilitée.

 architecte­s écrivent à MAcron

Toujours dans le but affiché de « construire plus », le texte prévoit de modifier les règles de la commande publique, ce qui inquiète en revanche les architecte­s. Craignant de voir produire des « logements au rabais » qui feront «les quartiers dégradés de demain », quelque 200 architecte­s dont Jean Nouvel, Christian de Portzampar­c ou le Varois Rudy Ricciotti ont écrit à Emmanuel Macron tandis qu’une pétition recueillai­t 5 400 signatures d’architecte­s, parlementa­ires, élus locaux et présidents d’écoles d’architectu­re. Celle-ci demande le maintien des concours d’architectu­re dans la constructi­on de logements sociaux et de la loi MOP encadrant les relations entre acteurs publics et architecte­s.

Grande réorganisa­tion du logement social

Toujours dans le logement social, une réorganisa­tion d’ampleur est à l’ordre du jour pour les bailleurs sociaux, qui se sont vus imposer 1,7 milliard d’euros de baisses de loyers et de hausses de prélèvemen­ts en 2018. Ceux gérant moins de 15.000 logements devront se regrouper d’ici 2021, afin de mieux gérer et restructur­er leur patrimoine. La vente de logements HLM – à l’unité, à leur occupant, ou en bloc, à un autre bailleur – sera également facilitée, tandis que la situation des locataires sera réexaminée tous les 6 ans : ceux dont les revenus sont supérieurs aux plafonds devront payer un «surloyer ».Dans le secteur privé, Elan crée des sanctions à l’encontre des plateforme­s de locations touristiqu­es de courte durée (Airbnb, Abritel...) dans l’illégalité, et renforce celles visant les loueurs particulie­rs.

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