Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Une épave fait rager les riverains de Balaguier

Sur le rivage Est de un navire victime d’une largade en début d’hiver n’a toujours pas été évacué par les autorités. Une triste habitude, déplorent les habitants

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

La Seyne,

Ce matin-là, Yvon Nicol est carrément venu avec sa tronçonneu­se. « S’ils n’enlèvent pas cette épave, je vais la découper moi-même », plaisante-t-il… à moitié. Il faut dire que depuis des semaines, ce retraité de Coste-Chaude tente de remuer ciel et terre, et surtout les autorités compétente­s en matière de mer, pour qu’un énième navire échoué cet hiver puisse être enfin évacué. En vain, pour l’instant.

Un enfant blessé au visage l’été dernier

Et une autre échéance approche désormais à grand pas, qui met ce marin de Morlaix dans tous ses états. Ce jeudi, la silhouette de la prestigieu­se Hermione devrait en effet éblouir de toute sa splendeur l’entrée de la rade. « Mais avec cette triste épave pour saluer le trois-mâts de La Fayette, je ne vous dis pas la honte. Il n’y a qu’ici qu’on voit ça », soupire celui qui, il y a quelques années déjà, avait tagué Costa Concordia sur

(1) une vieille coque récalcitra­nte du côté du port du Manteau. Ici, c’est entre autres dans l’anse de Balaguier. Chaque hiver depuis des années, ce petit coin de paradis se transforme en un véritable cimetière marin selon la force des tempêtes. Il arrive en effet que les amarres de certains bateaux au mouillage – qui sont loin de tous avoir une autorisati­on – rompent sous les assauts du vent et de la mer. Les embarcatio­ns se retrouvent alors drossées sur les rochers. Le problème, c’est de savoir à qui elles appartienn­ent. Certains propriétai­res peu scrupuleux effacent toute trace d’identifica­tion de leur bateau. Histoire d’éviter ainsi d’engager des frais importants pour évacuer de la côte les sinistres squelettes de composite. D’autres ne sont tout simplement pas connus par l’administra­tion (voir par ailleurs)… ou pas solvables. Et les moyens de les obliger à payer sont alors difficiles à appliquer, ou très longs à mettre en oeuvre. Si l’état du rivage Est de La Seyne dépend de la force du vent, il est donc aussi lié à la capacité à agir de la DDTM. Car c’est bien la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer qui est chargée, après enquête, de retrouver les plaisancie­rs et de les mettre en demeure de faire place nette (voir par ailleurs). Dans le cas où ces derniers auraient disparu sans laisser d’adresse, l’État, sans le sou, compte alors sur le bon vouloir des municipali­tés pour débarrasse­r les lieux… au frais du contribuab­le. « Si j’enrage autant, poursuit Yvon Nicol, c’est aussi que la grande jetée, qui devrait protéger des coups de mer, est dans un état déplorable. Tout est lié… » Et semble figé depuis des années. Dans un entretien à notre journal en 2017, le maire de La Seyne estimait que l’enlèvement des épaves à Balaguier coûtait « entre 12 000 et 17 000 euros par an »àla municipali­té. Loin d’être anodin. Tous comme les risques engendrés d’ailleurs. Le 19 mai dernier, un enfant s’est grièvement blessé en tombant face la première sur le moteur d’une des épaves sur laquelle il jouait. Son état a nécessité la pose de 21 points de suture au visage. Une semaine après l’accident, il était alors procédé à l’enlèvement du bateau.

Ça coûte entre   et   euros à la Ville ”

1. Le paquebot Costa Concordia a fait naufrage le vendredi 13 janvier 2012 en Méditerran­ée.

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(Photo M. Dalaine) Entourant Yvon Nicol, avec sa tronçonneu­se, des riverains et adhérents du CIL de Balaguier devant l’épave échouée sur le rivage de Balaguier.

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