« L’Hermione incarne le triomphe de la démocratie ! »
Chercheur né à Toulon, Michel Vergé-Franceschi, ancien président de la Société française d’histoire maritime, a notamment publié La Marine française au XVIIIe siècle (éditions Sedes) et dirigé le Dictionnaire d’histoire maritime (éditions Robert Laffont). Entretien iodé.
Parlez-nous un peu de L’Hermione. Quelles sont les caractéristiques de ce navire ?
C’est une frégate, un type de navire qui existe depuis le XVIIe siècle. Elle est légère et rapide, et permettait notamment d’apporter des « paquets » de courrier jusqu’aux vaisseaux de guerre. Pour vous donner un ordre d’idée, il y avait matelots à bord de L’Hermione, alors que les gros navires de l’époque comptaient jusqu’à membres d’équipage.
La construction de cette frégate s’inscrit dans un véritable renouveau de la Marine française…
C’est exact. En , la France est défaite par la Guerre de Sept Ans. En , la Royal Navy a anéanti les escadres de Toulon et de Brest. Louis XVI lance alors un plan pour reconstruire une Marine capable de battre les Anglais. Deux ministres s’y emploient, de Sartine et le maréchal de Castries. Les bateaux créés sont alors très modernes : les coques sont doublées en cuivre, on construit pour la première fois sur plan… Et ça marche ! En , la France compte vaisseaux de guerre, comme sous Louis XIV.
Qu’est-ce que peut nous dire L’Hermione aujourd’hui ?
En transportant La Fayette, ce navire a surtout eu un rôle symbolique. Il incarne le triomphe universel de la démocratie, la France qui est allée libérer le monde. Louis XVI, d’ailleurs, n’avait pas prévu toutes les conséquences. Il pensait simplement prendre une revanche sur les Anglais, mais avec la propagation des idées nouvelles, il a perdu son trône… En , le marquis de La Fayette est devenu, à titre posthume,
citoyen d’honneur des Etats-Unis. Il est enterré au cimetière Picpus, à Paris.