Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Patrick Bosso : qu’est-ce qu’il n’a pas dû faire pour y arriver ! Interview

L’humoriste marseillai­s (qui aime les Toulonnais !) donnera son nouveau spectacle Sans accent, demain soir, au Palais Neptune

- PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE PALA

Patrick Bosso sera demain soir au Palais Neptune avec son nouveau one man show Sans accent. Mon oeil, oui ! Le Marseillai­s fera chanter plus que jamais les consonnes et les voyelles pour raconter son parcours, se mettant à nu, jusqu’à l’accent (d’où le titre, vous pigez ?). Un sujet inspiré par la question de ce gamin qui lui a demandé, dans les quartiers Nord de Marseille : « Comment on fait pour faire “connu” comme travail ?» Une fois de plus, boosté par ces quartiers d’où il vient, source d’inspiratio­n inépuisabl­e, Bosso répond en 1h30 de spectacle. « Il y a la légitimité, du fait que de là d’où je viens, d’un milieu populaire, alors que j’étais jamais allé au théâtre de ma vie et tout ça, et avec un accent... À la fin, peut-être que c’est possible, oui, de devenir connu », finit-il par lâcher. Alors, de ses débuts avec l’acteur Niels Arestrup (eh oui!) à aujourd’hui, on lui a fait une interview spécial « connu ».

Vous dites que votre accent vous a valu le pire au début de votre carrière. Quoi exactement ?

Eh bien, que dès que vous ouvrez la bouche, on vous dit « hou là là, ça va être difficile ». Ça paraissait compliqué, vous voyez, avec un accent, pour jouer des personnage­s, au cours de théâtre. Les élèves travaillen­t tous des scènes classiques du répertoire. Comme je le raconte dans le spectacle, avec moi, ça devenait du Marcel Pagnol, quoi que je joue, que ce soit du Shakespear­e, du Molière… Même ceux qui m’aimaient bien, ils se pinçaient pour ne pas rire.

Vous avez tenté de gommer votre accent, au début ?

Sincèremen­t, au début, comme je le dis dans le spectacle, je ne savais pas que j’avais un accent. C’est en arrivant à Paris que je me suis dit : « Ou il y en a trois millions qui ont accent différent du mien, ou c’est moi ». J’ai vécu vraiment ce qu’a vécu Fernandel dans Le Spountz. Vous savez : quand il arrive, et que tout le monde se marre. Le prof, - c’était Niels Arestrup -, a été obligé d’arrêter le cours, de dire, «écoutez, on va faire une pause», tellement les élèves riaient ! Donc, vous vous dites : « Oh la vache, si j’ai dit à peine une phrase, et tout le monde il rigole, comment je vais faire ? » Un jour, il m’a dit : « monte sur scène et raconte-moi une histoire ». Tous les élèves m’avaient applaudi. Et pourtant, c’était un cours, je peux vous dire… Un arrivait du théâtre national de Strasbourg, l’autre de je ne sais pas où… et moi j’arrivais du Panier ! Au fur et à mesure, je me suis retrouvé avec presque un spectacle. Niels m’a dit : « Il faut que tu joues sur scène, fais tes histoires, raconte ton monde ».

C’est d’ailleurs lui qui vous dit « surtout ne perds jamais ton accent »…

Voilà. Il me dit « ne perds pas ton accent, comme ça, au moins, si un jour on en cherche un, ce sera toi ». Bon, ça fait  ans que j’attends… (rires)

Avoir eu Niels Arestrup comme professeur d’école du rire, c’est presque une blague !

C’est incroyable. Comme on peut se l’imaginer, ces gens qui parlent pas, on a l’impression qu’ils rigolent jamais. Mais en tous cas, moi, je l’ai fait rire, j’ai fait rire les élèves. Ça a été un peu mon passeport après. Il a eu l’immense mérite de me donner confiance et de ne pas me juger par rapport à mon accent. Contrairem­ent à un jour où (c’est aussi dans le spectacle, ndlr) je suis allé passer un casting. J’ai fait une queue de huit heures avec tout Paris dans la salle d’attente, vous voyez le genre. Quand c’est venu à moi à h, j’ai ouvert la porte et j’ai dit « Bonjour ». Et là, le directeur de casting m’a dit : «Vous pouvez répéter ce que vous venez de dire ?» J’ai dit : « Bonjour ! ».Ilm’adit: « Mais vous avez un accent ! ». J’ai dit : « à Paris, oui ». Et il m’a dit : « Avec cet accent, ça va pas être possible ». Moi, ça me servait de moteur pour lui montrer que ça allait être possible...

C’est d’ailleurs Eric Cantona qui a soutenu votre premier spectacle…

Oui, c’est à ce moment-là. Pour lui, il y avait pas d’accent !

Vous avez révélé il y a peu être le petit petit cousin de Gaëtan Zampa, l’un des anciens parrains à Marseille. Ça faisait tache pour être connu ?

Non, j’ai rien caché du tout, hein. Mais dans les émissions, j’ai jamais eu le temps de me poser, de raconter. Dans ce spectacle, je dis que dans ma famille, on avait deux possibilit­és : ou de rentrer à la mairie, tranquille ! Ou de rentrer en prison, tranquille ! Après, c’est un spectacle comique, vous savez. Pas toute ma famille est rentrée en prison. Mon père travaillai­t.

Dans chaque ville, j’ai vu que vous demandez maintenant du Bordeaux dans votre loge. Est-ce c’est cela, être connu ?

Oh oh ! C’est pas pour dire mettez moi un grand vin, un Saint-Emilion ou quoi que ce soit. Mais comme on arrive bien souvent des fois deux heures avant, du coup, on boit un verre de vin. Mais c’est pas pour moi. Enfin, c’est pour moi, si, mais pour les technicien­s aussi, etc. Et surtout, c’est après, quand on est dans la loge, ah voilà ! Patrick Bosso, c’est en famille. Je le bois pas tout seul, jamais de la vie.

Quel est le plus grand sacrifice que vous avez fait pour être connu ?

C’est d’être parti à Paris. Mais à l’âge que j’avais, - ans, c’est bien Paris aussi, ça brille, il y a du monde. Ne serait-ce que lorsqu’on marche les mains dans les poches, on a l’impression d’être ailleurs. Maintenant, je vis à Marseille. J’ai un pied à Paris, un pied à Marseille. Du coup, je vous laisse imaginer ce qu’ils voient les Lyonnais, quand ils lèvent la tête...

Cette blague, elle date de ...

(Rires) Ecrivez-là, tant pis ! Là, dans le spectacle je dis «La plus belle chose qu’il y a à Paris, quand on me demande : c’est le TGV qui part pour Marseille».

Finalement, être connu, c’est si bien que ça ?

Franchemen­t, celui qui se plaint, c’est pas bien. Parce que c’est agréable. Enfin, en ce qui me concerne. Après, tout dépend pourquoi vous êtes connu. Si vous êtes un nazi allemand, c’est pas bien. Il y a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénie­nts, même si moi, je savais pas que j’allais être connu, sincèremen­t.

Alors pour être connu finalement, faut pas tout faire pour être connu…

C’est ça, mais c’est toujours pareil la vie. Vous savez ce que c’est. Des fois vous vous perdez, mais vous prenez une route et après vous dites, « on est tombés dans un endroit magnifique, jamais on n’y serait allés ».

Franchemen­t, celui qui se plaint d’être connu, c’est pas bien ”

Un Marseillai­s à Toulon, vous allez faire des étincelles. Vous en êtes conscient ?

A quel sujet ?

Les Toulonnais, des fois, ont un peu des problèmes avec les Marseillai­s…

Ah bon ? Eh bien, alors dites leur bien que moi j’ai pas de problème avec les Toulonnais ! Que je suis de tout coeur avec eux, et que j’espère qu’ils seront de tout coeur avec moi. Savoir + Patrick Bosso, vendredi au Palais Neptune, à 20h30, programmé par Fantaisie prod. Tarif : 36 euros. Billetteri­e dans les points de vente habituels ou www.fantaisie-prod.com

 ?? (Photo DR/William Let) ?? Dans ce spectacle personnel, Patrick Bosso raconte par exemple comment refuser de gommer son accent pour y arriver a fait de lui l’humoriste qu’il est aujourd’hui.
(Photo DR/William Let) Dans ce spectacle personnel, Patrick Bosso raconte par exemple comment refuser de gommer son accent pour y arriver a fait de lui l’humoriste qu’il est aujourd’hui.

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