LA SEYNE Ni Sud, ni Paca, ils veulent une région Provence
Reçus à La Seyne, des défenseurs de l’identité provençale se mobilisent pour dénoncer le terme “Sud” choisi par l’exécutif régional. Une pétition en ligne a déjà réuni plus de14 000 signatures
O On n’est pas dans le Var par hasard. C’est ici que l’on signe le plus la pétition mise en ligne mi-décembre sur Internet et intitulée “Ni Sud, ni Paca, mais Provence”, explique son initiateur, Hervé Guerrera, conseiller municipal à Aix-en-Provence, venu promouvoir à La Seyne son combat pour que le nom historique de Provence, « connu dans le monde entier, soit rendu à notre territoire ». Un combat appuyé par le maire de la deuxième ville du Var, qui rappelle que sa commune a été l’une des premières de la région dont le conseil municipal a voté une délibération (le 17 janvier dernier) affirmant son attachement au vocable “Provence” pour désigner le territoire régional.
Sud de quoi ?
« Le conseil régional a décidé d’ajouter le mot “Sud” au nom de la région. C’est une marque promotionnelle qui fait son apparition sur les supports de communication de l’institution, retrace Marc Vuillemot. Certes, on est nombreux à se dire depuis longtemps que l’acronyme Paca n’est pas joli, même s’il correspondait à la volonté de n’oublier personne. Mais accoler “Sud”, cela fait bizarre, d’autant que la région voisine Occitanie/PyrénéesMéditerranée (ex-LanguedocRoussillon et Midi-Pyrénées) a déjà fait une démarche similaire
en adoptant “Sud de France” pour sa promotion économique. Et puis Sud, Sud de quoi ? Cela ne veut pas dire grand-chose, alors que le terme “Provence” peut fonctionner pour les six départements concernés, au regard d’une certaine unicité linguistique et historique ». « On a un nom vieux de plusieurs millénaires, lié à la démocratie, à une vision ouverte de l’Europe et de la Méditerranée. Il faut le reconquérir », reprend Hervé Guerrera. Du reste, la pétition qu’il a initiée cible un double objectif : « dire que le mot “Sud” est un dénigrement de ce qui fait vraiment notre région » ; et dénoncer « l’absence de débat autour d’une décision totalement hors sol». Du reste, ajoute-t-il, «on veut faire savoir qu’on ne supporte plus les élus qui conçoivent leur rôle à l’opposé de la concertation, imposant une décision verticalement ». A l’inverse, les pétitionnaires – qui ont déjà recueilli plus de 14 000 signatures – assurent s’inscrire « dans une démarche citoyenne d’appel au débat ».
« La défense d’un bien commun »
Outre l’adresse aux citoyens via Internet, ils sollicitent les quelque 900 maires de Provence afin qu’ils adoptent une motion à l’image de celle votée à La Seyne (2). Et la mobilisation s’enclenche : des milliers d’autocollants (“Ni Sud, ni Paca, mais Provence”) sont en cours de diffusion, « des colloques seront organisés et des initiatives locales seront prises ». « Nous nous inscrivons dans la durée, au nom de la défense d’un bien commun qui nous rassemble tous, et sur la base d’une non-appropriation politique. Car notre nom, c’est aussi notre dignité de citoyen », ajoute Hervé Guerrera. Qui, comme ses soutiens seynois, se dit persuadé que « si on donnait la parole au peuple, par le biais d’une consultation, c’est le nom Provence qui sortirait ». 1. Sur le site www.change.org 2. Quatorze communes l’ont déjà fait, dont cinq dans le Var : La Bastide, Correns, Cotignac, La Seyne et Signes.