Var-Matin (La Seyne / Sanary)

SNCF : vers une grève au-delà de juin ?

Une nouvelle concertati­on sous tension s’est tenue hier, les syndicats estimant qu’ils n’ont pas été entendus. La grève reprend ce soir à partir de 20 heures

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Les organisati­ons représenta­tives à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) étaient de nouveau reçues pour une table ronde au ministère des Transports, afin de discuter «de la modernisat­ion sociale et de la contractua­lisation dans le secteur ferroviair­e en lien avec l’arrêt du recrutemen­t au statut ». En prévoyant que les nouveaux arrivants ne soient plus embauchés au statut de cheminot - qui comprend la garantie de l’emploi et fixe notamment les éléments de rémunérati­on, de mobilité ou encore de congés pour environ 90% des effectifs de la SNCF - le gouverneme­nt fait face à l’opposition totale des syndicats.

« Les cheminots vont augmenter la pression »

« Il n’y a pas eu de négociatio­n » véritable sur ce sujet épineux, a dénoncé le secrétaire général de la CGT Cheminots Laurent Brun à l’issue de cette rencontre d’un peu plus de deux heures. « Nous ne savons même pas (...) quels sont les points qui posent problème au gouverneme­nt dans le statut », a-t-il affirmé. « On est très inquiets et agacés par la tournure de ces échanges », a confié Florent Monteilhet (Unsa). « Les cheminots vont augmenter la pression » , a embrayé Didier Aubert (CFDT), annonçant dans certaines régions « quatre à cinq points de plus » de mobilisati­on pour les deux prochains jours de grève. « Le gouverneme­nt a besoin d’une nouvelle démonstrat­ion », a-t-il estimé. La reprise de la grève, qui se tient sur un rythme de deux jours sur cinq, est prévue samedi à 20 heures, jusqu’à mardi 7 h 55. Les prévisions de trafic seront communiqué­es par la SNCF aujourd’hui en début d’aprèsmidi. Ce sera le deuxième épisode de grève, après celui des 3 et 4 avril, lors duquel le trafic a été très perturbé. Mais le mouvement, pour le moment annoncé jusqu’au 28 juin, pourrait « aller audelà du mois de juin » si le gouverneme­nt persiste dans « la posture dans laquelle il est actuelleme­nt », a averti Laurent Brun. « Nous allons tenir un marathon si le gouverneme­nt nous (l’)impose », a-t-il martelé. « C’est absolument inacceptab­le ce qui vient de se passer aujourd’hui », a estimé Erik Meyer, de SUD Rail, en annonçant avoir l’intention de « proposer lundi de durcir le mouvement ». SUD Rail est la seule organisati­on à envisager une grève reconducti­ble chaque jour au lieu de la grève en pointillé décidée par l’intersyndi­cale.

 réunions prévues

Hier matin, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, avait déploré que «la posture des syndicats ne change pas ». Elle avait vanté des avancées lors de la séance de négociatio­n de la veille, qui portait sur la dette de la SNCF (55 milliards d’euros) et le transfert des cheminots vers des sociétés privées après l’ouverture à la concurrenc­e. La ministre a jugé avoir « donné des garanties » aux cheminots qui changeraie­nt d’employeur en cas de perte d’un marché par la SNCF. Ils conservera­ient selon elle « l’essentiel des garanties du statut ». Les syndicats, eux, avaient déjà dénoncé «une mascarade» de concertati­on. « On ne peut pas sortir de sept heures de discussion­s sans que rien n’ait avancé. Ça n’est pas exact », a insisté le porte-parole du gouverneme­nt Benjamin Griveaux, dénonçant « beaucoup de contrevéri­tés » et de « mensonges ». Au total, environ 70 réunions de négociatio­n étaient prévues aux mois de mars et avril entre le gouverneme­nt et les syndicats.

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(Photo AFP) Le projet de loi sur le pacte ferroviair­e doit être débattu en première lecture la semaine prochaine à l’Assemblée.

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