Corriger la mâchoire pour traiter l’apnée du sommeil
La chirurgie maxillo-faciale peut venir au secours de ceux qui souffrent de ces problèmes de respiration pendant la nuit. L’opération est courante et donne d’excellents résultats
Des nuits agitées, des journées embuées, le quotidien de ceux qui souffrent d’apnées du sommeil ressemble parfois à un cauchemar. Pourtant, des traitements existent. À côté de la pression positive continue – un dispositif qui propulse l’air ambiant dans les voies respiratoires par le biais d’un masque posé sur le visage – existent des solutions chirurgicales. «Il peut y avoir des causes anatomiques à l’obstruction des voies aériennes. Ainsi, après la pose du diagnostic, le patient peut être reçu par un ORL ou un chirurgien maxillo-facial pour localiser cette obstruction. Elle peut être liée à une déviation nasale, de grosses amygdales ou encore une base de langue volumineuse», indique le Dr Hugues Zrounba, chirurgien maxillo-facial à l’institut ArnaultTzanck, qui coanimait récemment une conférence sur le sujet avec le Dr Guy-René Boyer, pneumologue. C’est ce dernier qui pose le diagnostic, en s’appuyant notamment sur un examen : la polysomnographie du sommeil qui consiste à enregistrer au cours d’une nuit des données telles que la respiration, la fréquence cardiaque, la saturation sanguine en oxygène, etc.
Une « simple » opération
Les traitements sont envisagés selon le nombre d’événements respiratoires et les symptômes décrits par le patient tels que la somnolence pendant la journée, les maux de tête... Bref, tout ce qui gêne le quotidien et la poursuite normale des activités. La chirurgie maxillo-faciale fait partie des possibilités offertes à certaines personnes souffrant d’apnées du sommeil qui ont un problème d’obstruction. Il s’agit là de corriger les bases osseuses (la chirurgie ORL s’attachant, elle, à rectifier les tissus mous, amygdales, voile du palais, etc.). « Lorsqu’on dort sur le dos, il n’y a plus de tonus musculaire donc la langue «tombe» dans la gorge. Si la base de langue est volumineuse, elle va faire obstacle à la respiration. Typiquement, ces patients expliquent que lorsqu’ils se mettent sur le côté, ils ont moins d’apnées», décrit le Dr Zrounba. L’opération est donc «simple»: il s’agit d’avancer la ou les mâchoires pour redonner de la place à la langue. «Pour les patients souffrant de dysmorphose, c’est-à-dire dont les dents du haut ou celles du bas sont en avant et chez qui le traitement orthodontique ne suffit pas, l’opération consiste à avancer la mandibule trop en arrière, détaille le chirurgien. Lorsque le patient n’a pas de dysmorphose, alors on procède à une ostéotomie bimaxillaire: opère à la fois la mâchoire inférieure et la mâchoire supérieure. Concrètement, on coupe l’os et on avance les deux mâchoires.» Malgré le fait qu’elle paraisse impressionnante décrite ainsi, l’opération est courante et pratiquée depuis des décennies. Elle a une répercussion esthétique mais qui demeure discrète. «Ca ne change pas la personnalité du visage. L’entourage a l’impression que quelque chose a changé, sans savoir d’où ça vient», confie le Dr Zrounba. Le patient peut reprendre le travail une dizaine de jours après l’opération. Et surtout, il peut parler et ouvrir la bouche dès son réveil. Il doit cependant se nourrir avec une alimentation molle dans les premiers temps. «L’opération n’est pas particulièrement douloureuse. La seule chose impressionnante, c’est que le visage gonfle beaucoup et présente vite des oedèmes», confesse le chirurgien laurentin. Logique, nous avons tous en mémoire les images de joues gonflées de ceux qui se sont fait enlever les dents de sagesse. Mais le jeu en vaut la chandelle : les apnées disparaissent dans 80 à 90 % du temps chez ces personnes.