Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Piqûres d’insectes : l’importance de mener l’enquête

Punaises de lit, puces, pyemotes ... il faut soigner l’environnem­ent envahi par ces insectes pour prévenir d’autres piqûres. C’est le leitmotiv de Pascal Delaunay, entomologi­ste médical

- NANCY CATTAN

Lorsqu’un patient se présente chez son médecin généralist­e en se plaignant de s’être fait littéralem­ent « dévorer » par des insectes, il repart généraleme­nt avec une prescripti­on de produits destinés à apaiser le grattage : dermocorti­coïdes, antihistam­iniques etc. C’est bien. Mais ça n’éradique pas la cause ; il est plus que probable que le patient se refera piquer dans un futur proche « Tout ce qui est relatif aux insectes nuisibles pour la santé n’est pas enseigné à la faculté de médecine. Aussi, lorsqu’un profession­nel de santé est confronté à ce type de situation, il ne connaît pas vraiment la conduite à tenir», commente Pascal Delaunay (1). Cet entomologi­ste médical niçois (CHU de Nice) mène depuis plus de 15 ans un véritable combat pour améliorer la lutte contre les insectes piqueurs. Et il a réussi à sensibilis­er un certain nombre de médecins (dermatolog­ues, infectiolo­gues…) qui n’hésitent pas à lui « confier l’enquête », une fois le diagnostic de piqûre établi. Rappelons que, classiquem­ent, une piqûre d’insecte se reconnaît à son apparence : un point au centre d’une papule. Et si elle démange autant, c’est dû au caractère allergisan­t de la salive.

Identifier l’insecte

« Un insecte qui pique pour prélever du sang injecte de la salive. Celle-ci a des propriétés vasodilata­trices – en augmentant le flux de sang, l’insecte a davantage de quoi se nourrir – mais aussi anticoagul­antes, pour éviter que le sang aspiré ne coagule dans son organisme. C’est un peu comme si avant de se nourrir, l’animal crachait dans son assiette ! » Au cours de son enquête, l’entomologi­ste va essayer d’accumuler des indices : « On interroge le patient sur son mode de vie, le lieu où il a été piqué (dans son potager, sa maison, dans la nature…), on observe la dispositio­n des piqûres sur le corps... C’est ainsi que l’on arrive à identifier l’insecte en cause. On peut alors proposer une méthode de lutte respectueu­se de l’environnem­ent (sans insecticid­es), adaptée à cet insecte, mais aussi à la personne, son logement, l’urgence et le budget (de 600 à 800 euros)». Parmi les insectes ciblés par cette lutte, la punaise de lit. Porte-drapeau avec les puces (pour les propriétai­res d’animaux) et les moustiques des insectes piqueurs, elle représente un véritable cauchemar pour ceux qui ont le malheur de l’avoir accueilli chez eux. « Dans notre région, un autre insecte sévit : le pyemote, en particulie­r dans les maisons fermées une partie de l’année. » Là, nulle autre issue que le soin du logement. 1. Il intervenai­t sur ce thème lors du 32e congrès de la Fédération française de formation continue et d´évaluation en dermatolog­ie-vénéréolog­ie (FFFCEDV) les 22 et 23 mars derniers à Antibes.

 ?? (Photo Frantz Bouton) ?? « Il faut soigner le logement pour soigner le patient et mettre en place un plan de prévention », résume Pascal Delaunay.
(Photo Frantz Bouton) « Il faut soigner le logement pour soigner le patient et mettre en place un plan de prévention », résume Pascal Delaunay.

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