Piqûres d’insectes : l’importance de mener l’enquête
Punaises de lit, puces, pyemotes ... il faut soigner l’environnement envahi par ces insectes pour prévenir d’autres piqûres. C’est le leitmotiv de Pascal Delaunay, entomologiste médical
Lorsqu’un patient se présente chez son médecin généraliste en se plaignant de s’être fait littéralement « dévorer » par des insectes, il repart généralement avec une prescription de produits destinés à apaiser le grattage : dermocorticoïdes, antihistaminiques etc. C’est bien. Mais ça n’éradique pas la cause ; il est plus que probable que le patient se refera piquer dans un futur proche « Tout ce qui est relatif aux insectes nuisibles pour la santé n’est pas enseigné à la faculté de médecine. Aussi, lorsqu’un professionnel de santé est confronté à ce type de situation, il ne connaît pas vraiment la conduite à tenir», commente Pascal Delaunay (1). Cet entomologiste médical niçois (CHU de Nice) mène depuis plus de 15 ans un véritable combat pour améliorer la lutte contre les insectes piqueurs. Et il a réussi à sensibiliser un certain nombre de médecins (dermatologues, infectiologues…) qui n’hésitent pas à lui « confier l’enquête », une fois le diagnostic de piqûre établi. Rappelons que, classiquement, une piqûre d’insecte se reconnaît à son apparence : un point au centre d’une papule. Et si elle démange autant, c’est dû au caractère allergisant de la salive.
Identifier l’insecte
« Un insecte qui pique pour prélever du sang injecte de la salive. Celle-ci a des propriétés vasodilatatrices – en augmentant le flux de sang, l’insecte a davantage de quoi se nourrir – mais aussi anticoagulantes, pour éviter que le sang aspiré ne coagule dans son organisme. C’est un peu comme si avant de se nourrir, l’animal crachait dans son assiette ! » Au cours de son enquête, l’entomologiste va essayer d’accumuler des indices : « On interroge le patient sur son mode de vie, le lieu où il a été piqué (dans son potager, sa maison, dans la nature…), on observe la disposition des piqûres sur le corps... C’est ainsi que l’on arrive à identifier l’insecte en cause. On peut alors proposer une méthode de lutte respectueuse de l’environnement (sans insecticides), adaptée à cet insecte, mais aussi à la personne, son logement, l’urgence et le budget (de 600 à 800 euros)». Parmi les insectes ciblés par cette lutte, la punaise de lit. Porte-drapeau avec les puces (pour les propriétaires d’animaux) et les moustiques des insectes piqueurs, elle représente un véritable cauchemar pour ceux qui ont le malheur de l’avoir accueilli chez eux. « Dans notre région, un autre insecte sévit : le pyemote, en particulier dans les maisons fermées une partie de l’année. » Là, nulle autre issue que le soin du logement. 1. Il intervenait sur ce thème lors du 32e congrès de la Fédération française de formation continue et d´évaluation en dermatologie-vénéréologie (FFFCEDV) les 22 et 23 mars derniers à Antibes.