Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Soclip! change sa partition et séduit le marché US Ça buzze

La société bandolaise Soclip!, spécialisé­e dans la réalisatio­n de clips vidéo, était au salon SXSW à Austin, au Texas, parmi dix-neuf autres startups françaises emmenées par Business France

- AMBRE MINGAZ amingaz@varmatin.com

Au départ, nous étions dans une logique d’applicatio­n grand public, mais nous nous sommes rendu compte des difficulté­s... » Le Bandolais Christophe Vaucher a revu sa partition depuis le lancement de son projet en 2014. Ingénieur de formation, spécialisé dans l’électroniq­ue et le signal, ce passionné de musique aimait réaliser des montages vidéo à ses heures perdues. C’est à cette occasion qu’il s’est intéressé à l’émotion ressentie en regardant des clips vidéo et au fonctionne­ment du cerveau.

Sa spécialité : les trains d’impulsion

En faisant des recherches, il a découvert ce qu’on appelle « les trains d’impulsion » (ou beat tracking), les liens entre le son et l’image lors du montage vidéo, leur synchronic­ité. « L’idée était de faire un produit qui permette à chacun de se remémorer encore plus ses souvenirs, de magnifier ces moments pour les embellir. » Le tout à travers un clip vidéo habilement monté. « Le problème est que ça exige une grande expérience du montage, beaucoup de temps, de trouver des outils techniques extrêmemen­t coûteux et une bonne culture musicale. » Car le projet de Soclip! était, à la base, de permettre à tous de réaliser son propre clip vidéo, en quelques clics, à partir des photos et musiques contenues dans un smartphone. Une idée séduisante sauf que « notre téléphone ne contient pas toutes les photos et musiques dont nous avons besoin ». Et que les Américains avaient déjà plusieurs longueurs d’avance dans ce domaine. Autres difficulté­s : trier les photos nécessite un gros travail d’intelligen­ce artificiel­le, ce que Google, Facebook ou GoPro maîtrisent et, pour utiliser de la musique, il faut pouvoir en obtenir les droits. Christophe Vaucher s’est l n’est de richesses que d’hommes » : Jean Bodin, philosophe et économiste français, l’affirmait dès 1577. Certains chefs d’entreprise d’aujourd’hui ont repris cette idée à leur compte pour défendre une nouvelle conception du management. Selon eux, il est important que les collaborat­eurs d’une entreprise soient « libérés » et puissent développer leurs qualités humaines. « On se rend compte que ce type de leadership est un vecteur très puissant de réussite de l’entreprise, assure Michael Shanks, formateur sur ces sujets à EMD, une école marseillai­se de commerce et de management. Au fond, ce qui est le plus important pour une unité économique, ce n’est pas ce qu’elle produit, ni même la satisfacti­on de ses clients, mais c’est bien le développem­ent des personnes qui la composent. » L’idée serait d’aligner le management du chef d’entreprise sur le concept de vertu. Persuadé que l’éthique assure de bons résultats, Michael alors concentré davantage sur cette question de l’ajustement parfait entre la musique et les images au travers d’algorithme­s pour maximiser nos émotions. Et là, bingo! « Nous sommes quasiment les seuls à y travailler. »

« Nos futurs clients sont aux États-Unis »

Avec Pascal Mattei, responsabl­e du développem­ent logiciel, Christophe Vaucher, le président de Soclip!, s’est entouré d’un chercheur du CNRS Olivier Derrien. L’idée étant « d’extraire d’un fichier audio les informatio­ns de rythmes pour caler les changement­s et plans de coupes utiles au montage vidéo ». Shanks cite les valeurs cardinales du roi Salomon : la prudence, la tempérance, le courage et la justice. Pour les expliciter, il parle de quête du bien, de maturité psychologi­que, d’amitié civique et de solidarité.

Reste, pour un patron qui entend développer son activité sur ces fondements, à convaincre son équipe de leur bien-fondé et de sa bonne foi. « C’est un vrai problème, admet le formateur. Souvent, la démarche d’un chef d’entreprise en ce sens est perçue comme une manipulati­on. Les collaborat­eurs imaginent qu’on essaye de les tromper. L’éthique n’est pas une recette, un truc. Pour que cela fonctionne, le manager doit savoir démontrer à ses salariés qu’il roule pour eux, qu’il est authentiqu­e, par ses actes et pas uniquement par ses paroles. » évolutif de certaines valeurs éthiques ou le manque de volonté d’une partie du personnel Entre-temps, le Bandolais a profité des conseils et de l’accompagne­ment de L’Accélérate­ur de la saison 2 de Toulon Var Technologi­e pendant quatre mois. Intégré à la French Tech Toulon, il a participé, en décembre dernier, à un bootcamp à San Francisco, dans la Silicon Valley, dans le but de multiplier les contacts business et les rendez-vous avec des investisse­urs. Aux côtés de sept autres startups retenues par la Région Paca et Paca Investisse­ment, Christophe Vaucher a été accueilli par le French Tech Hub de San Francisco pour bénéficier du mentorat d’experts de la Silicon Valley et travailler sur les thématique­s juridiques, ventes, marketing, etc. Un programme proposé par la Région aux startups innovantes souhaitant accélérer leur développem­ent sur le marché américain. L’objectif étant d’en donner les outils et les clés pour s’y faire une place. « Ça nous a donné un bon coup de boost. Là-bas, l’intérêt pour notre projet est avéré et nos futurs clients sont aux États-Unis. Ils ont validé que nous allions dans le bon sens. » En mars, Christophe Vaucher a participé au salon SXSW (South by Southwest) qui se tenait à Austin au Texas, la grand-messe de la à inscrire son propre travail dans ce cadre. Michael Shanks reconnaît que, parfois, c’est du côté du cadre dirigeant que les réticences peuvent apparaître. « La mise en place d’une démarche éthique demande d’observer comment les choses se passent et de faire preuve d’humilité, souligne- t- il. Il faut reconnaîtr­e qu’on n’est pas toujours dans le vrai, qu’on aux autres. Tout cela est parfois impossible. Le manager qui ne veut pas bouger est sou avancer, il faut donc lui expliquer ce que le changement peut lui apporter. » Selon le formateur, la pérennité d’une structure ne dépend pas uniquement de la qualité du business : « Souvent, les faillites ne sont pas liées qu’au manque d’argent : elles surviennen­t quand les hommes ne s’entendent plus. Les questions éthiques sont au coeur des échecs comme des réussites. » tech audio et vidéo. Il avait été retenu par Business France pour faire partie du stand French Tech aux côtés de dix-huit autres startups de l’Hexagone. Soclip! étant la seule représenta­nte du Var.

Des enjeux importants à venir

« Quand on travaille dans la tech, en liaison avec la musique, la vidéo et les films, c’est un salon exceptionn­el, vraiment incontourn­able et qui s’est révélé extrêmemen­t riche pour nous, explique Christophe Vaucher. Nous avons pris de nombreux contacts, notamment avec de grands noms de l’industrie combinés avec les dernières tendances. Nous avons la conviction maintenant d’avoir une technologi­e intéressan­te dont le marché américain a besoin. Les gens que nous rencontron­s sont impression­nés par ce que nous pouvons faire. Ça n’existe pas. Il faut maintenant réussir à la mettre sur orbite. Nous possédons tous les ingrédient­s pour réussir notre levée de fonds prévue dans les prochains mois. Des enjeux commerciau­x importants se profilent. » so-clip.com Michael Shanks, formateur en Éthique et Management à EMD, école de commerce et de management (Marseille).

 ?? (Photos A.M. et DR) ?? Christophe Vaucher, président de Soclip !, et Pascal Mattei, son développeu­r, ont profité du salon South by Southwest à Austin pour nouer des contacts avec des grands noms de l’industrie photo-vidéo-musique et fabricants de smartphone­s. « La vidéo va...
(Photos A.M. et DR) Christophe Vaucher, président de Soclip !, et Pascal Mattei, son développeu­r, ont profité du salon South by Southwest à Austin pour nouer des contacts avec des grands noms de l’industrie photo-vidéo-musique et fabricants de smartphone­s. « La vidéo va...

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