Un homme en colère
Avec son franc-parler, Giulio Bregoli s’étonne qu’aucune de ses joueuses n’aient été récompensées par la Ligue. Mais l’entraîneur du SRVVB l’assure, la meilleure des réponses viendra du terrain
Les plus fidèles supporters du SRVVB ne s’étonneront pas quand on leur rappellera que Giulio Cesare Bregoli n’est certainement pas le genre de personnage à tenir sa langue dans sa poche. Le tempérament latin, diront certains. La faute aux nombreuses incohérences d’un univers du volley féminin souvent déconcertant, répondront les autres. Bref, toujours est-il que l’entraîneur italien, connu pour son franc-parler, pousse aujourd’hui un vrai coup gueule. La raison de son courroux ? L’absence de ses joueuses dans la longue liste des lauréates récompensées la semaine dernière par la Ligue de volley qui, cette année encore, n’a donc mis aucune Varoise à l’honneur. « C’est un manque de reconnaissance pour les filles et ça me touche, déplore Bregoli. Je n’ai rien à dire sur Krystal Rivers, Karolina Goliat finit derrière elle au classement du nombre de points marqués (419 pour la Biterroise, contre 374 pour la Raphaëloise à l’issue de la phase régulière, Ndlr). Mais à un moment donné, il faudrait reconnaître quelque chose à Saint-Raphaël, s’agace l’homme de Bologne. Et je ne parle pas de moi, car le titre de meilleur entraîneur (décerné à Cyril Ong, Ndlr) ne m’intéresse pas. Je ne veux d’ailleurs même pas ouvrir le débat . »
« C’est bien d’ouvrir un peu ses yeux »
Et pourtant « le débat » en question mérite réflexion. Car à écouter la présidente du SRVVB, le sujet de son entraîneur semble irriter les techniciens du championnat. Des entraîneurs qui, pour rappel, votent pour désigner cette fameuse équipe type de l’année à l’origine de l’agacement de Bregoli. « Le fait que notre entraîneur soit étranger dérange peut-être les entraîneurs français qui répètent souvent que certains d’entre eux sont au chômage et que l’on pourrait travailler avec un Français, relève Christine Girod. Mais c’est bien d’ouvrir un peu ses yeux et d’aller voir d’autres horizons. L’Italie, c’est une autre culture du volley féminin, souvent bien plus exigeante. » Une certaine idée de l’exigence qui fait de Giulio Bregoli un travailleur acharné aux résultats probants sous les couleurs d’un club sacré champion de France en 2016. Et pourtant, à part le titre de MVP décernée cette année-là à la Belge Liesbet Vindevoghel, (« car ils ne pouvaient vraiment pas faire autrement », s’amuse l’Italien), « on ne reconnaît jamais mes joueuses alors que ça fait trois ans que nous sommes qualifiés pour les phases finales », déplore Bregoli.
« Je trouve bizarre de jouer un match retour jours après »
Oui, pour la troisième année consécutive, le SRVVB dispute les play-offs, et pour la troisième fois de suite, le club de la cité de l’archange a une sérieuse chance d’atteindre les demi-finales. Mais pour ça, il faudra quand même éliminer Le Cannet. Dès ce soir en s’imposant à Maillan, ou lors d’un éventuel match d’appui, si jamais les choses tournaient mal aujourd’hui face à des Azuréennes forcément revanchardes après la victoire (3-0) des Varoises à l’aller. Un succès obtenu à l’issue du premier match joué voici… deux longues semaines. Quinze jours qui ont semblé une éternité à Bregoli, qui là aussi s’interroge. « Je ne comprends pas, je trouve ça quand même bizarre de jouer un match retour 14 jours après l’aller », s’agace le technicien qui sait parfaitement que la pression mise fin mars sur les Azuréennes est forcément retombée. « On a essayé de maintenir le rythme en jouant notamment en amical contre Cannes, mais si jamais on va en demi-finale, on n’aura rien volé à personne » conclut celui qui n’a décidément pas sa langue dans sa poche, mais qui pourrait empocher dès ce soir une troisième qualification consécutive pour le dernier carré du championnat. Et finalement, ce serait sans doute la meilleure des récompenses pour ses joueuses.