« Nochance »

« L’affirmation de son autorité est devenue le fil conducteur de sa communication (...) Emmanuel Macron ne changera donc pas sa ligne : réformer avec une autorité de plus en plus affirmée »

La formule a traversé l’Atlantique à la vitesse de la lumière : « No chance ». Interrogé sur Fox News dans la perspective du voyage d’État qui l’a mené hier à Washington, Emmanuel Macron a sans doute douché les grévistes de la SNCF. Pas la moindre chance de le voir reculer sur la réforme de la SNCF. Il ira jusqu’au bout et semble déjà certain de sa victoire et de sa méthode. Le chef de l’État veut qu’on le sache : il n’est pas du genre à être habité par le doute. « Rester campé sur vos décisions lorsqu’elles sont bonnes pour le pays, a-t-il encore confié à la grande chaîne conservatrice américaine que Donald Trump regarde à longueur de journée, ce n’est pas la même chose que d’être autoritaire ou arrogant. » Et d’enfoncer encore le clou avec cette affirmation un brin vaniteuse : « Désormais, il y a vraiment quelqu’un aux commandes. » Le message a le mérité d’être clair. Il vaut pour la réforme de la SNCF et pour toutes les décisions en cours d’examen ou qu’Emmanuel Macron entend prendre. Il s’adresse donc à tous ses interlocuteurs au-delà des cheminots. L’affirmation de son autorité est d’ailleurs devenue le fil conducteur de sa communication. Il l’a revendiquée sur BFM face au tandem Bourdin-Plenel mais aussi devant les députés européens du Parlement de Strasbourg mardi dernier. Ces différentes déclarations reflètent certes son caractère et son tempérament mais elles visent aussi à souligner à gros traits combien il est différent de son prédécesseur au moment où il revient sur la scène publique avec ses « Leçons du pouvoir ». Hollande-Macron, cherchez la différence, sousentend-il tout en apportant la réponse : l’autorité. Le message s’adresse également à ses troupes de la République en Marche qui, pour la première fois, ont montré des états d’âme à propos de la loi asile et immigration. Il est, enfin, destiné aux Français. Macron fait le pari très calculé que les temps sont favorables à un pouvoir fort et qu’il répond à cette attente. Certes, il est loin de rallier une majorité de Français sur ce thème puisque % d’entre eux se disent mécontents dans le dernier baromètre Ifop-Journal du Dimanche mais sa fermeté éclaire le léger rebond printanier des satisfaits à % (+points), un résultat bien meilleur après  mois de mandat que ses deux prédécesseurs. Emmanuel Macron ne changera donc pas sa ligne : réformer avec une autorité de plus en plus affirmée.