Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Bryan Habana : une drôle de fin

Le Springboks a décidé de mettre un terme à sa prestigieu­se carrière qui se termine en queue de poisson. Un comble pour ce requin toujours prêt à mordre au ballon

- PAUL MASSABO

Un seigneur. Un saigneur. Un signeur d’essais. Bryan Habana était tout ça à la fois. Pourquoi « était » ? Tout simplement parce qu’il vient de décider de mettre un terme à sa carrière sportive après avoir joué pendant quatorze saisons au plus haut niveau. À bientôt 35 ans (il les aura le 12 juin prochain), ce finisseur hors pair aura marqué sa discipline sur tous les terrains du monde qu’il a foulés.

Comme à son habitude

Le sourire vissé aux lèvres, un mot gentil ou une tape amicale à l’adresse de l’un de ses partenaire­s, Bryan Habana était égal à luimême hier matin à l’entraîneme­nt. Sympa, enjoué, détendu comme à son habitude. Comme si de rien n’était alors qu’une page est prête à se tourner, un chapitre à se gommer, un livre à se refermer. Pourtant, cet immense joueur venait de prendre une décision longuement réfléchie en annonçant la fin de sa carrière sportive. Pour sa cinquième et dernière année à Toulon (il a débarqué dans le Var en 2013) après avoir été pendant longtemps et patiemment approché par Mourad Boudjellal, Bryan Habana

n’aura finalement jamais porté le maillot rouge et noir cette saison. Opéré du genou à l’intersaiso­n, le Sud-Africain avait réintégré le groupe à l’entraîneme­nt dès le mois de janvier après avoir obtenu l’indispensa­ble feu vert médical. Mais barré à l’aile par les Fidjiens (Tuisova, Radradra et même le jeune Baliruarua) sans même parler de Chris Ashton, le meilleur marqueur d’essais de la

coupe du monde (il a pris part aux éditions 2007, 2011, 2 015) n’a plus jamais eu l’occasion de se montrer en rouge et noir.

Il méritait une autre sortie

Il y a deux mois, le joueur nous avait déclaré être «bon pour le service » et « à la dispositio­n du club ». Mais le staff technique, Fabien Galthié en tête, expliquait qu’il n’avait plus sa place dans

la talentueus­e ligne de troisquart­s, devancé notamment par des joueurs plus jeunes et plus performant­s. Le président du RCT avait même annoncé, il y a quelques semaines déjà, que le Sud-Af ‘ne porterait plus le maillot rouge et noir ajoutant énigmatiqu­e à l’adresse du banni : « C’est un malin ». Face aux doutes suscités sur sa condition physique (inflammati­on chronique de son genou) et pour le tester en condition réelle, Manny Edmonds, l’entraîneur des lignes arrières avait envisagé de le faire jouer avec les Espoirs. Une propositio­n restée sans suite. Dernièreme­nt, le club l’a même invité à rentrer au pays peu avant la naissance de son deuxième enfant. Autant de propositio­ns qu’on peu juger indignes du talent de ce prestigieu­x joueur au palmarès éloquent (lire cicontre).

Sans la moindre minute de temps de jeu au compteur pour cette ultime saison, Bryan Habana a été tout au long de son bail varois régulièrem­ent absent. Blessé ou retenu avec sa sélection nationale (à XV puis à VII), il pourrait se montrer amer ou aigri de finir sa carrière de la sorte. Il n’en fera rien. Gentlemen, Bryan Habana va tirer sa révérence. Sans mot dire. Tel un seigneur !

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(Photo Luc Boutria) Bryan Habana aura porté à  reprises le maillot rouge et noir et inscrit  essais.

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