Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Ils racontent leur Mai 

Le cinquantiè­me anniversai­re du mouvement se prépare dans le Var. Les acteurs de l’époque témoignent, entre fierté du passé et crainte pour l’avenir

- Dossier : Véronique GEORGES (vgeorges@nicematin.fr) Avec Christophe CIRONE et Stéphanie GASIGLIA Photos : Patrick BLANCHARD, Valérie LE PARC, Laurent MARTINAT et Frank MULLER

Syndicalis­tes, ouvriers en grève, lycéens révoltés ou étudiants sages... Ils ont vécu Mai 68 et ils se souviennen­t. Le temps est passé, mais un demisiècle n’a pas éteint la flamme de la passion.

Le 1er mai 1968 a été extrêmemen­t fort dans le Var. Signe de ce qui allait suivre ? La contestati­on est partie des étudiants et lycéens à Paris et dans les grandes villes. La répression à leur encontre entraîne un élan de solidarité des syndicats qui appellent à la grève générale le 13 mai. Elle commence par les enseignant­s, se répand comme une traînée de poudre dans les usines, les services publics à Toulon, La Seyne, Hyères, Saint-Tropez, Draguignan, Brignoles... Jeunes, ouvriers et fonctionna­ires varois participen­t aux manifestat­ions. Assemblées générales, occupation des lieux de travail dans les petites entreprise­s comme les grandes, les chantiers navals et l’arsenal sà Toulon ont paralysés. Les transports sont à l’arrêt, on manque d’essence et de certains produits dans les magasins. « Parmi les slogans, il y avait « 10 ans ça suffit », au regard de l’arrivée de De Gaulle au pouvoir en 1958 », rappelle Alain Serre, président de l’Institut d’histoire sociale de la CGT 83. Beaucoup de revendicat­ions vont aboutir : « On a obtenu l’augmentati­on de 35 % du SMIC, de 55 % du salaire agricole pour atteindre le SMIC, l’ensemble des salaires ont augmenté de 10 % en deux fois. Plus la reconnaiss­ance du syndicat dans l’entreprise ». Son syndicat a fait en 68 « 400 000 adhésions, dont une majorité de jeunes de moins de 30 ans. Toute une génération de militants qui sont à la retraite. Il faut transmettr­e le flambeau ». Sur le plan politique, en revanche, pas de victoire «Ona eu les acquis sociaux, mais la classe ouvrière n’a pas pris le pouvoir », constate-t-il. Les autres conséquenc­es sont sociétales. « La bataille pour les droits des femmes, les rapports entre parents et enfants, l’évolution des mentalités. Et ça continue avec l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes » souligne-t-il. Il tire les leçons de mai 68 : « Pour obtenir quelque chose, il faut bloquer le pays, tous ensemble. L’enjeu aujourd’hui est de préserver nos acquis. Je ne suis pas la Madame Soleil de la lutte des classes, mais tôt ou tard, il se passera quelque chose ».

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(Photo Frank Muller) « Mai , c’était l’espoir, l’enthousias­me, un peu d’utopie et une occasion extraordin­aire », selon Alain Serre.
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(Photos Archives départemen­tales du Var) Ci-dessus, trois exemples de la mobilisati­on dans le Var. A gauche, un tract à propos de la grève générale le  mai. Au centre, un texte des CAL (comités d’action lycéens) qui précise l’importance de la convergenc­e des luttes. A droite, un appel au...
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