Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les fortificat­ions résistent

- ANDRÉ PEYREGNE

Les fortificat­ions maritimes de Toulon comportent cinq éléments principaux : à l’Est la Tour Royale, le fort SaintLouis, le fort Sainte-Marguerite; à l’Ouest le fort de l’Eguillette et le fort Balaguier. La Tour Royale a été érigée dès le début du XVIe siècle, à l’initiative du roi Louis XII, étant à la fois tour défensive et prison. La tour de Balaguier est construite, elle, sous Richelieu entre  et  pour faire pendant à la Tour Royale, à l’entrée du port sur le côté ouest. Elle fut très utile lors du siège de  mais aussi lors de celui de  où Bonaparte en fera une pièce maîtresse de la défense toulonnais­e. Le fort Sainte-Marguerite, sur la commune Le fort Balaguier résistera lors des deux sièges de Toulon de  et .

de la Garde, remonte, lui, au XIe siècle. Vauban, appelé à Toulon en  par Colbert, va compléter ces fortificat­ions et agrandir le port et l’arsenal de manière à accueillir une flotte de  à  vaisseaux. Les travaux dureront quinze ans. Le fort Saint-Louis est achevé en

14 août: Tessé a reçu dix-huit bataillons en renfort. Il va enfin pouvoir lancer une grande offensive. Depuis la rade, le Saint-Philippe et le Tonnant, armés de près de cent canons chacun, pilonnent et détruisent les batteries terrestres mises en place par l’ennemi.

15 août: Tessé lance son armée contre l’ennemi et va faire basculer le cours de la bataille. Récit de l’historien Laindet de la Londe : « Au milieu de la nuit, un grand mouvement se fit à Sainte-Anne. La première heure du matin sonna à la tour de l’horloge; quatorze mille hommes, troupes de toutes armes auxquelles s’étaient joints des bourgeois, des ouvriers, des paysans, sortirent ensemble du camp. Le maréchal Tessé s’avança sur trois colonnes jusqu’au pied des hauteurs de Sainte-Catherine. Une quatrième colonne, était partie de bonne heure, avec six pièces de canons portées à dos de mulets, pour la crête de la montagne du Faron. » L’armée du duc de Savoie est prise par surprise. Elle ne s’attendait pas à une attaque de cette envergure. Elle cède de toutes parts, se disperse en désordre. Les combats durent plusieurs heures. Ce jour-là, l’armée savoyarde perdra cinq mille hommes, contre mille deux cents chez les Français. Plusieurs membres des familles régnantes dans d’anciens états de l’actuelle Allemagne

. De  à  est construit le fort de l’Eguillette du côté de la Seyne, qui tient son nom de la source d’eau douce (« ayguade »), où les navires venaient se ravitaille­r. D’autres forts, Lamalgue, Sainte-Catherine et du Faron, seront construits à l’est et au nord de la sont parmi les victimes: le prince de Saxe et le duc de Wurtemberg sont tués, le prince de Hesse perd un bras. Côté mer, les choses sont différente­s. La flotte ennemie entreprend un bombardeme­nt ininterrom­pu: « C’était une chose horrible à voir et à entendre que ce feu continuel, ce vacarme de tous les instants, cette pluie incessante de boulets et de bombes et, ville au milieu du XVIIIe siècle, après le siège de . C’est au Fort Lamalgue que sera emprisonné le combattant algérien Abd El Kader en . Le fort Sainte-Catherine, construit à la fin du XVIIIe et remanié au cours du XIXe a été démantelé dans les années  pour laisser place à trois immeubles d’habitation. Quant aux forts du Faron, ils comprennen­t entre autres la Tour Beaumont, construite en , le fort de la Croix, construit en . La Tour Beaumont a été aménagée en Mémorial du Débarqueme­nt de , inauguré en  par le général de Gaulle, réaménagé puis réinauguré par le président Hollande en .

pourtant, la population ne laissa apercevoir aucun signe de découragem­ent. » Le fort de Sainte-Marguerite, manquant d’eau et de munitions, capitule. Le fort Saint-Louis s’écroule. La flotte française craignant de tomber aux mains des Anglais se saborde. Il y a, parmi les bateaux coulés volontaire­ment, l’un des plus beaux bâtiments de la marine française, le « Soleil Royal ».

21 août : Côté terre, les désastres provoqués par l’armée française sont si grands sur terre que le duc de Savoie capitule. Il ordonne la retraite. Les Français ont gagné ! Toulon est libéré. L’armée ennemie commence le 22 août son repli. Elle aura perdu quelque dix mille hommes. Ivres de vengeance, les ennemis détruisent les moulins sur leur passage, arrachent les vignes, abattent des oliviers, incendient fermes et maisons, violent les femmes, martyrisen­t les hommes et les enfants. Ils repassent enfin le fleuve du Var le 26 août. Ils laissent derrière eux une ville de Toulon ruinée, un paysage ravagé, mais un pays vainqueur. L’amiral Shovell, lui, est reparti pour l’Angleterre. Il n’arrivera pas au bout de son voyage, perdant la vie lors d’un naufrage au large des Cornouaill­es. Quelqu’un l’attendait à Londres et ne le vit pas venir : le duc de Marlboroug­h. Fort de ce succès, l’armée de Savoie décide d’envahir le sud de la France et d’aller assiéger la place forte de Toulon. Le duc Victor-Amédée de Savoie et le prince Eugène de Savoie réunissent toutes leurs forces auxquelles viennent s’adjoindre   hommes d’Autriche et de Prusse jusqu’à atteindre   hommes. Les troupes se massent dans les environs de Cuneo dans le Piémont, franchisse­nt le col de Tende et se dirigent vers Toulon. Cet épisode fait l’objet de notre récit.

 ?? (Photo DR) ?? Le « Soleil royal », l’un des plus beaux fleurons de la marine française, coulé à Toulon lors du sabordage de .
(Photo DR) Le « Soleil royal », l’un des plus beaux fleurons de la marine française, coulé à Toulon lors du sabordage de .
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(Photo DR)

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