Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La dernière division. Sacrifiée à Soissons pour sauver Paris.  mai au  juin 

- PROPOS RECUEILLIS PAR NELLY NUSSBAUM

Patrick-Charles Renaud est déjà l’auteur de plusieurs ouvrages sur la Première Guerre mondiale. Avec La dernière division, il s’est penché sur un épisode occulté de la Grande Guerre qui s’est déroulé à la fin du Printemps  autour de Soissons. Un épisode qui lui semble être « une injustice dans l’Histoire de la Grande Guerre ». Ce livre est un éclairage important sur cet épisode « oublié » par l’Histoire. Il réhabilite l’honneur d’une division qui, bien qu’elle n’ait pas démérité sur le front, s’est vue dénigrée dans un rapport par le général Messimy, sans doute à cause d’un problème de « mutinerie » qui s’était déroulé un an auparavant.

Pourquoi écrire sur la Grande Guerre ? C’est une histoire contempora­ine encore proche et il existe encore des acteurs, des familles qui peuvent témoigner de cette période. Il est facile de fouiller et trouver de la documentat­ion. Cette proximité facilite la réalité et la véracité des faits.

Et, pourquoi sur cet épisode en particulie­r ? Pour une double raison ! D’abord, ma famille maternelle est originaire de Soissons et comme mon grandoncle Louis Renaud qui appartenai­t à cette division a été tué à cette période, j’ai voulu savoir ce qui s’était réellement passé à cet endroit. Il me semblait que cet épisode avait été injustemen­t occulté et le « pourquoi » a attisé ma curiosité.

Comment avez-vous découvert la réalité des faits ? En cherchant des informatio­ns chez des descendant­s de ces poilus oubliés, je suis tombé sur une lettre où l’un d’eux expliquait ce qu’avait réellement fait la è division. Pendant huit jours, ces hommes s’étaient battus, en combat de rue afin de contenir les Allemands à Soissons. Même s’ils avaient fini par reculer, leur résistance avait permis à Foch de préparer la contre-offensive afin de « sauver Paris ». Il écrivait qu’il avait conscience qu’ils avaient réussi un vrai fait d’arme et que par la suite, non seulement, ils avaient n’avaient eu aucune considérat­ion, mais qu’on leur avait même fait des reproches. Durant ces huit jours sur   hommes, la ème a perdu un tiers de ses effectifs.

Mais ce n’est pas le seul témoignage ? Non, j’ai creusé un peu et j’ai réuni un bon nombre de documents qui racontaien­t la même chose. Ils relataient tous clairement que la division avait été punie au lieu d’être récompensé­e et ce, à cause de l’égo et de la rivalité de certains généraux en quête de destin politique. Même l’officier de la division placée à l’arrière a fait remonter des informatio­ns erronées à l’état-major. « C’est pas juste », hurlaient tous ces documents !

Il y avait un Niçois dans cette division ? En effet, parmi les Poilus du bataillon auquel appartenai­t d’ailleurs l’aspirant Louis Jaurès (fils de Jean Jaurès) figurait le capitaine Fernand Pierre Veillon qui résidait à Nice et neveu du colonel Paul Gros-Long, dit Pierre Devoluy, poète et romancier bien connu sur Nice. Tous deux sont tombés le  juin  à Soissons.

◗ La dernière division. Sacrifiée à Soissons pour sauver Paris - 27 mai au 5 juin 1918. Éditions Grancher. 20 euros

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