L’industriel Altéo accusé d’être à l’origine d’une nouvelle pollution
Le passage d’un nuage rouge, début avril à Bouc-Bel-Air, recouvrant de sédiments colorés tout un quartier résidentiel et son école, aura laissé des traces. L’association de défense de l’environnement ZEA a en effet déposé, mercredi 25 avril, une plainte contre X pour mise en danger d’autrui. La cible : l’entreprise Alteo qui exploite un site de stockage de ses déchets issus de la transformation, à Gardanne, de bauxite en alumine. Le maire de Bouc-Bel-Air, Richard Mallié, a, lui aussi, déposé une plainte contre l’industriel. La réaction du préfet Pierre Dartout ne s’est pas fait attendre non plus et l’État a sommé la société Altéo de prendre ses responsabilités face à cette pollution de grande ampleur. L’industriel a ainsi dû accepter de prendre en charge le nettoyage des structures publiques.
Des riverains inquiets
Reste que le coup d’éponge n’efface pas les plaies et le ras-le-bol des riverains suite aux multiples incidents de ce genre. « Ce n’est pas la première fois que nous subissons les poussières rouges, mais ça empire, explique Dorothée Pinoncelly, porte-parole des riverains concernés par les faits. Ce sont des par- ticules très fines, qui s’introduisent par- tout, y compris dans les VMC, même portes et fenêtres closes. Les jardins, le linge, les animaux domestiques sont rouges, les chaussettes et pyjamas de nos enfants sont rouges, les porteurs de lentilles ont les yeux qui brûlent. Ce que nous demandons, c’est une vraie enquête sérieuse de santé sur le terrain, pas une vulgaire distribution de questionnaires de santé laissés dans nos boîtes aux lettres comme ce fut déjà le cas dans le passé ! Nous nous inquiétons de notre santé à venir et, surtout, de celle de nos enfants. »
Une réunion publique ce soir
Face à cette situation, une réunion publique est organisée ce soir, à 18h30 en mairie de Bouc-Bel-Air, avec Alteo pour « faire le point de la situation». Du côté de l’association ZEA, son fondateur, le Toulonnais Olivier Dubuquoy estime qu’il s’agit d’« une nouvelle étape dans la contestation d’activité très polluante de ce site. Nous allons être auditionnés dans un autre recours que nous avons lancé au tribunal administratif, et nous allons mobiliser les opposants à ces pollutions. Aucune solution sérieuse pour mettre fin à cette pollution qui dure depuis plus de cinquante ans n’a été présentée ni même envisagée. » Cette décharge à ciel ouvert engendre 300000 tonnes de boues sèches par an, trois fois plus selon ZEA depuis qu’Altéo a stoppé ses rejets liquides en mer. De son côté ZEA a recueilli plus de 393 000 signatures pour sa pétition en ligne intitulée “Boues rouges, ni en mer ni à terre”. Forte de ce soutien, l’association a lancé, du 1er mai au 30 juin, une marche citoyenne de Fos-sur-Mer à Paris, « pour dire stop à la crise sanitaire actuelle liée aux pollutions ». Cette marche fera étape samedi prochain en soirée à Bouc-Bel-Air, et le lendemain à Gardanne avec passage à proximité du site de stockage terrestre des boues rouges, pour dénoncer les pollutions par les boues rouges de l’usine d’Altéo.