T. Duchesne: « Il existe une saisonnalité des missions »
À l’invitation de l’Institut français de la mer à Toulon, le commissaire général de la Marine Thierry Duchesne a donné hier une conférence sur l’action de l’État en mer Méditerranée. Décryptage
Existe-t-il une saisonnalité de vos missions et, si oui, laquelle? Oui, dans un département touristique comme le nôtre, on constate effectivement une accentuation marquée du nombre de missions pendant la saison estivale. Même si on peut être amené à faire face à n’importe quelle mission tout au long de l’année, les secours en mer, les sauvetages au bénéfice des plaisanciers sont plus nombreux l’été. De même que les accidents de plongée. Alors que lors des tempêtes hivernales, on doit davantage porter assistance aux navires de commerce en difficulté.
Après l’indisponibilité du patrouilleur Jean-François Deniau, voilà que la vedette niçoise Levante DF part en mission Frontex. Avez-vous assez de moyens pour mener de front toutes vos missions?
On n’a jamais trop de moyens, mais heureusement en France, l’action de l’État en mer ne fonctionne pas en silo. Pour palier le départ en mission de la vedette des douanes niçoises, le préfet maritime a ainsi pu donner des instructions à la Marine nationale, aux Affaires maritimes et à la gendarmerie maritime pour qu’elles renforcent leurs activités dans la zone des AlpesMaritimes.
L’action de l’État en mer passe aussi parfois par… les airs. On l’a vu mercredi soir avec l’évacuation d’un passager du paquebot Costa Favolosa. Là encore, disposez-vous d’assez de moyens aériens?
Le Caïman (version marine du NH ) est un appareil sophistiqué, dont la mise au point est délicate, peut- être un peu plus longue que prévu. Mais la situation est en voie d’amélioration. D’ailleurs, le NH commence à entrer dans le tour de permanence. Mais encore une fois, grâce à une organisation coordonnée, nous avons toujours pu faire face. Ainsi, outre l’alerte assurée par les Panther et Dauphin de la Marine, on a pu, le cas échéant, compter sur un Puma de l’armée de l’air basé à Solenzara en Corse, voire des moyens aériens de la Sécurité civile. Dans le cadre des conventions internationales, on pourrait même bénéficier si besoin du soutien des Espagnols et des Italiens. Mais en matière de moyens, ne perdons pas de vue qu’il faut trouver le bon équilibre entre efficacité et coût supportable.
Comme si vous n’aviez pas assez à faire, une nouvelle mission vient de s’ajouter: la lutte contre la pollution atmosphérique. Racontez-nous?
En France et dans les pays occidentaux, l’action de l’État contre les pollutions par hydrocarbures, avec des peines très lourdes contre les capitaines et les armateurs, a porté ses fruits. Si on a réussi à maîtriser le phénomène des rejets, on reste sur le pont. Mais il convient maintenant de lutter contre les pollutions atmosphériques. Et pour la première fois, le capitaine d’un paquebot a été mis en examen le avril dernier après un contrôle de ses soutes à carburant dans le port de Marseille. Pour être plus efficace, l’agence de sécurité maritime travaille à la mise au point d’un drone aérien capable d’effectuer des mesures au- dessus des cheminées des navires. Un matériel qui pourrait s’avérer utile pour contrôler les paquebots en positionnement dynamique à proximité des côtes.
C’est sans fin?
Peut- être. Pour protéger la faune sous-marine, on commence à parler de lutte contre les bruits rayonnés en mer.