JOURNÉE, PAU - TOULON, CE SOIR À H SUR CANAL+ ET RUGBY+) Cap des cent et clap de fin ?
Vincent Clerc est libéré après avoir atteint la barre des cent essais. Pour probablement le dernier match de sa carrière à Pau, le recordman peut entrer un peu plus dans l’histoire
Atteindre la barre des cent essais et égaler ainsi le record détenu par Laurent Arbo (actuel préparateur physique à Perpignan) était devenu un rien obsessionnel. Depuis que Vincent Clerc a repris la compétition après une année blanche, cet objectif devenait selon lui « un peu trop prise de tête ». « Tout le monde m’en parlait. Inconsciemment, j’étais obligé de l’avoir en tête même si ce n’était à l’origine absolument pas un objectif. Penser à des statistiques ou des records n’a jamais été ma démarche », soulignait ce killer d’essais avec simplicité au soir du record égalé. Il a même trouvé « gonflant » d’entendre rabâcher ce chiffre, à ses yeux purement anecdotique.
Revenu de nulle part
Alors quand vous évoquez la possibilité de battre désormais le record pour en être seul détenteur, Vincent Clerc affiche un certain recul. « Il me tarde de retrouver le terrain avec Toulon. On n’a pas de pression particulière sur ce match mais plein de petits objectifs. Le championnat - le deuxième - ne fait que démarrer. Quant au devoir accompli, ce sera si on ramène le Brennus ». Revenu à l’intersaison de nulle part, après une année ternie par une deuxième intervention chirurgicale (rupture de son autre tendon d’Achille), le champion a beaucoup douté. Il a pensé un temps que le haut niveau, c’était fini. Et puis, il a reçu des témoignages d’encouragements, aussi nombreux que les messages de félicitations. Alors, il n’a pas lâché. Jamais. « Il restait, explique-t-il, cinq mois de compétition. J’ai travaillé comme si j’allais reprendre. Mais j’ignorais où j’allais. La convalescence et la réhabilitation n’ont pas été faciles. Mais j’ai été vite rassuré par l’entourage. J’ai toujours été exigeant vis-à-vis de moimême, bien plus d’ailleurs qu’envers les autres. J’ai repris confiance d’autant que, persévérant, je suis de nature optimiste. » Sa retraite sportive prise, Vincent Clerc ne devrait pas chômer. Il a des projets plein la tête et a déjà monté en association avec d’autres grands sportifs (Poitrenaud, Lamboley, Matuidi…) trois sociétés. Ce touche à touche s’occupe - pour l’instant de loin - d’événementiels, d’une salle d’électro-stimulation et de communication. Il devrait désormais être plus opérationnel. Après seize ans de professionnalisme, Vincent Clerc qui a pris plaisir à vivre toutes ces aventures humaines et sportives, se félicite de pouvoir décider de la date de sa sortie définitive. Elle est bientôt là.
« Si ça doit venir ça viendra »
Il savoure d’autant plus tous ces moments qui le séparent de sa retraite sportive : « On est plus attentif à tout. On savoure davantage tous les bons moments même s’ils peuvent paraître ordinaires : l’entraînement, le vestiaire, l’arrivée au stade… Le banal redevient touchant. Le plaisir est décuplé. À 37 ans (il les aura dans deux jours), porter le maillot reste toujours un bonheur. Que ce soit ou pas ma dernière, je vais profiter et jouer à fond ». L’homme aux cent essais aura-til l’occasion d’améliorer cette marque à Pau au sein d’une formation toulonnaise largement modifiée ? « C’est vrai que j’aime marquer des essais mais je ne vais pas me focaliser dessus. Si les copains sont sympas, ils me donneront le ballon dans l’en-but » modère-t-il pour éviter de se mettre trop de pression. « Ça viendra si ça doit venir » confiait-il encore au lendemain de son centième. Même quand j’étais petit, je n’aurais pu rêver mieux que la vie vécue jusqu’ici… » Alors 101e essai ou pas, le rêve est déjà devenu réalité. Et ce, depuis bien longtemps...