Var-Matin (La Seyne / Sanary)

COUPE DE FRANCE (FINALE, TOULON/SAINT-CYR - BREST, CE SOIR À BERCY) « Comme un stade de foot »

Alexandra Bettacchin­i, qui mettra un terme à sa carrière à la fin de la saison, sait que jouer à Bercy peut « oppresser » certaines joueuses. La finale pourrait se jouer là-dessus On aborde ces matches sans pression. C’est à la vie à la mort, et ça nous c

- PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT WATTECAMPS

AAlexandra, comment abordez-vous cette fin de saison, qui est aussi votre fin de carrière ?

Plutôt bien ! J’ai eu le temps de réfléchir et de m’investir dans ma reconversi­on (elle est associée dans le restaurant de plage La Siesta, à Saint-Cyr, Ndlr). Certes je joue moins, mais j’ai choisi de mettre Léa (Serdarevic) dans les meilleures conditions pour la suite de sa carrière. La mienne est derrière moi. Et puis j’ai connu tellement de gens qui avaient du mal à accepter leur fin de carrière que j’ai pris mes précaution­s ! J’ai eu le temps de faire mon « deuil ».

Vingt-trois ans de carrière, et toujours avec Toulon/SaintCyr. C’est rare, dans le sport de haut niveau, une telle fidélité...

J’ai eu l’opportunit­é d’aller dans d’autres clubs, mais j’aime trop ma ville (Saint-Cyr) pour la quitter. C’est la plus belle ville du monde (rires) ! Bien sûr, l’argent est important, mais ma famille et mes amis le sont plus. Et puis j’ai tout vécu ici, j’ai gagné des titres, j’ai joué la Ligue des champions. Je suis fière de ma carrière. Je n’ai plus rien à prouver à personne. Je suis contente de finir comme ça, en formant Léa.

Sortir par la grande porte avec une dernière coupe de

France, ce serait joli, non ?

Ah oui, ce serait la cerise sur le gâteau ! Gagner la coupe devant   spectateur­s... Après, tout dépend de la manière dont les filles vont aborder l’événement. Car ce n’est pas facile de jouer dans cette salle la première fois. On ne se rend pas compte de l’ambiance avant d’y être. C’est comme un stade de foot ! Certains peuvent se sentir oppressées en rentrant sur le parquet. Ça peut jouer sur le match.

Le TSCV va jouer sa quatrième finale de coupe de France en moins de dix ans. Comment expliquez-vous cette réussite ?

Il faut d’abord de la chance au tirage, ce qu’on a eu cette année il faut l’avouer. Après, on aborde ces matches sans pression. C’est à la vie à la mort, et ça nous convient bien, je crois. Ce n’est pas un hasard si c’est face à Nice, en demifinale, que nous avons réalisé notre meilleur match de la saison. Il y avait de l’envie, de la hargne, de la défense...

Tout ce qu’il faudra ce soir pour réaliser l’exploit face à Brest, en somme...

Oui. On n’est pas favorites, mais tout est possible sur un match sec. Certaines filles peuvent marcher sur l’eau, d’autres passer à côté. Et il y a Bercy à appréhende­r. Rien n’est perdu d’avance. C’est ce qui fait la beauté d’une finale.

Il y a un match dans le match entre vous et Cléopâtre Darleux, aussi. C’est le feu contre la glace.

Cléo, je l’aime bien. Elle réalise une super saison et va très vite retrouver l’équipe de France, je pense. C’est une des meilleures gardiennes du monde. Elle travaille beaucoup en amont, la vidéo, tout ça. Moi, je fonctionne au feeling. J’ai appris toute seule. Je suis atypique, et je le revendique !

Ce style ne vous a pas fermé quelques portes, comme celle de l’équipe de France (elle compte une sélection) ?

Si on m’avait formaté, je n’aurais pas eu la même carrière. Je suis contente d’avoir eu cette expérience avec l’équipe de France, mais je suis trop marginale pour adhérer à ce truc. Il y a trop de règles pour moi. Il faut savoir que pendant longtemps, pour préparer un déplacemen­t, ce que je mettais en premier dans la valise, c’était mes affaires pour sortir, et pas un short ou un maillot ! Et c’est comme ça que j’ai eu des résultats. Le handball a évolué et je ne crache pas dans la soupe. Mais j’ai eu la chance de connaître le hand d’avant, et j’ai réussi à allier les deux sans perdre du temps de jeu. Je n’ai aucun regret. Comme le nombre de finales déjà jouées par Alexandra Bettacchin­i durant sa carrière. La gardienne toulonnais­e en a remporté deux (une en championna­t en  et une en coupe de France en ) et perdu une (coupe de France ). En , blessée, elle avait assisté des tribunes au succès toulonnais en coupe de France.

 ?? (Photo Luc Boutria) ?? près  ans passés dans des cages de handball, Alexandra Bettacchin­i va tirer sa révérence. Il ne lui reste plus que trois matches à disputer avec son club de toujours. Trois matches, dont une finale de coupe de France. Que rêver de mieux pour terminer...
(Photo Luc Boutria) près  ans passés dans des cages de handball, Alexandra Bettacchin­i va tirer sa révérence. Il ne lui reste plus que trois matches à disputer avec son club de toujours. Trois matches, dont une finale de coupe de France. Que rêver de mieux pour terminer...

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