Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Eurovision: «Madame Monsieur» vise les étoiles

La France sera ce soir derrière ses représenta­nts à l’Eurovision, à 21 heures sur France 2. La Vençoise Emilie Satt et son compagnon Jean-Karl Lucas visent rien moins que la victoire

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Emilie et Jean-Karl se frayent un chemin dans le bar de l’hôtel de la délégation française, situé à deux pas de l’Altice Arena de Lisbonne. Quelques instants de répit entre deux répétition­s, des dizaines d’interviews, et de constantes sollicitat­ions. Tous deux prennent pourtant le temps de s’enquérir des autres : « Ça va ? Ça se passe bien ? » Humble, simple, le couple « Madame Monsieur» (à la scène comme à la ville), le sera resté jusqu’au dernier moment. Jusqu’à la finale de ce soir. Malgré la fureur du tourbillon médiatique, malgré les incroyable­s rencontres, avec l’acteur américain Will Ferrell, avec Jean-Paul Gaultier qui leur a dessiné leurs tenues de scène, avec leur interview sur le divan de Michel Drucker et tant d’autres… Ce soir, la Vençoise Emilie Satt et l’Amiénois Jean-Karl Lucas porteront la voix de la France dans le plus grand show musical du monde. Deux cents millions de téléspecta­teurs face à eux, et un statut de favoris dans les paris des bookmakers, qui les placent dans le top 5. Tout est donc possible. Christophe Willem, qui commentero­nt, ce soir à 21 heures sur France 2, la finale de l’Eurovision. « L’Eurovision, c’est comme une parenthèse enchantée dans ma vie », sourit Stéphane Bern. Il s’amuse : « Ça me change des monuments historique­s», mais précise immédiatem­ent : « L’Eurovision fait partie du patrimoine européen de la culture. » Avec Christophe Willem, ils forment un attelage efficace. « Lui va parler de ce qui est musical et scénique, moi je vais ramener à l’historique. On parle toujours de l’Europe dans de mauvais termes, pour parler des réglementa­tions qui nous viennent de Bruxelles, des quotas laitiers, mais l’Europe, c’est autre chose. Ce concours, c’est le deuxième événement le plus festif en Europe. Deux cents millions de téléspecta­teurs, ce n’est pas rien. C’est une carte postale souriante et colorée de l’Europe. » Dans la délégation française menée tambour battant par Edoardo Grassi, chacun ose y croire. Ose imaginer une victoire. « Certains signes ne trompent pas, note Stéphane Bern. On passe en treizième position, le numéro de la chance. Autre signe, la présence de la présidente de France Télévision­s, pour la première fois. Ca veut dire qu’en haut lieu, on se dit que la France a peut-être une chance de gagner. » Le duo « Madame Monsieur » ? «Ils sont d’une grande richesse humaine et intellectu­elle », souligne Stéphane Bern. Christophe Willem approuve : « J’aime les chansons qui sont d’un premier abord assez légères, mais qui comportent un vrai message quand on creuse un peu. Emilie et Jean-Karl sont des artistes humbles. Pas dans le star system. Cette singularit­é peut faire qu’ils se démarquent. Ils vont aller loin dans cet Eurovision. La France peut gagner. » Stéphane Bern estime que la candidatur­e française porte une voix, « celle de la conscience et du texte ». Il distingue trois chansons dans cet Eurovision. « La chanson israélienn­e dans la veine de #MeToo, le titre italien qui m’a bouleversé sur les attentats, une chanson très journalist­ique, entraînant­e. Et puis la chanson française. Avec “Madame Monsieur”, on est dans l’émotion, on touche le coeur des gens. »

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