Regarder autrement l’islamisme
Une chose est certaine: ce n’est pas parce que, sur le terrain, Daesh a perdu la partie, ce n’est pas parce qu’il a dû abandonner l’un après l’autre ses fiefs de Rakka ou Mossoul que nous en avons fini avec le terrorisme. Peut-être est-ce le contraire qu’il faut craindre: Daesh n’ayant plus de territoire à défendre au Moyen-Orient, c’est ailleurs désormais qu’il portera le combat. Nanti d’un bréviaire simple, pour ne pas dire simpliste – tuer par tous les moyens, voiture bélier ou couteau de cuisine –, n’importe quel islamiste peut aujourd’hui porter le combat dans les rues, en Europe et partout ailleurs. Face à ce péril qu’ils connaissent, les États du monde entier, qui avaient été pris par surprise après la guerre d’Irak et les opérations de Libye, s’organisent. Les différents services secrets se rapprochent et échangent des informations au lieu de jouer au chacun pour soi. Dans chaque pays, on forme des policiers. On l’a bien vu samedi soir dans le quartier de l’Opéra à Paris : c’est une brigade de quartier ordinaire, parfaitement au fait de ce qu’il fallait faire, et pas le Raid ou le GIGN, qui a neutralisé le meurtrier en moins de dix minutes. Même si chacun de nous est d’accord sur le fait que le risque zéro n’existe pas, même si l’on pense que la France est une société de droit et qu’elle ne peut pas arrêter l’auteur d’un crime avant qu’il ait été commis, il n’en est pas moins vrai qu’il faut regarder autrement l’islamisme radical. Que faute de moyens, on ne puisse pas suivre les quelque individus faisant l’objet d’une fiche S, c’est possible, mais que les maires des villes et des villages de France ne soient pas prévenus de leur présence sur leur territoire, contrairement à ce qui se passe en Belgique, par exemple, voilà qui est devenu intolérable. Il arrivera aussi un temps où l’on se demandera pourquoi, et au nom de quoi, on a accordé l’asile, puis la nationalité française à une famille de Tchétchènes au motif qu’elle était en guerre avec la Russie. Ou à un Afghan parce que son pays est sens dessus-dessous. Pour quelques années au moins, il est évident que notre politique d’immigration doit tenir compte du contexte terroriste international. Ce n’est plus une question de droit. C’est une question de survie.