Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Le Cinéma de la plage, c’est populaire. Je suis ravie »

À quelques jours de ses 90 printemps, Agnès Varda présentera ce soir, à 21 h 30, la version restaurée de son film L’Une chante, l’autre pas, réalisé en 1976. Séance gratuite, ce dont elle se félicite.

- par FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr @francklecl­erc06

Récemment auréolée d’un Oscar pour l’ensemble de sa carrière, Agnès Varda ne change pas d’un iota. Même coiffure deux tons, même énergie, même bonheur à partager une passion pour le cinéma qui ne s’émousse pas depuis son tout premier film, La Pointe courte, en 1955. «AvecJR [photograph­e français, ndlr],

qu’est-ce qu’on s’est amusés ! », se réjouit Agnès Varda à l’évocation du film Visages, villages,

dévoilé ici même l’année passée. « Nous avions réussi à nous muer en sociologue­s souriants. En faisant parler des gens qu’on n’écoute pas souvent. » Cette fois, il s’agit d’une projection au Cinéma de la plage : « C’est populaire, gratuit, joyeux. Je suis ravie. »

L’Une chante, l’autre pas a été le premier film mettant à l’ouvrage une équipe paritaire. Vingt personnes dont dix hommes et donc autant de femmes: il n’est d’ailleurs pas sûr qu’un autre exemple puisse être cité, plus de quarante ans après. Cette fierté résonne avec la présence d’Agnès Varda sur les marches samedi soir : « J’ai traduit en français le texte lu par Cate Blanchett. Nous étions entourées par

toutes ces femmes représenta­nt symbolique­ment les 82 sélectionn­ées officielle­s en 71 ans. » Un acte militant qui doit encourager d’autres réalisateu­rs à s’engouffrer dans ce mouvement : « Je me suis battue pour que les femmes puissent accéder à tous les métiers du cinéma. Et aujourd’hui, je me félicite de voir que Jacques Audiard, par exemple, choisit d’avoir une femme chef opérateur. » Le combat est engagé, il faut continuer. Tout en portant très haut un autre combat,

celui contre les atteintes. «Certains hommes, dès qu’ils ont un pouvoir social, le transforme­nt en pouvoir sexuel. Même si c’est un petit peu moins qu’avant, les femmes sont énormément embêtées par cette idée selon laquelle ils peuvent faire d’elles ce qu’ils veulent. »

Agnès Varda, dès le départ, a décidé de faire « des films radicaux, résolument contempora­ins ».

Ce qui lui fait le plus plaisir à la veille de son 90e anniversai­re: le renouvelle­ment de son

audience. « Mon cinéma n’est pas vu que par les gens de mon âge, ce qui ne ferait pas grand monde. Je crois que les jeunes gens ont trouvé chez moi une liberté de ton et d’écriture qui leur convient. C’est une très grande satisfacti­on. »

« JE ME SUIS BATTUE POUR QUE LES FEMMES PUISSENT ACCÉDER À TOUS LES MÉTIERS DU CINÉMA. »

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Agnès Varda accompagne­ra ce soir la présentati­on de son film réalisé en 1976, L’Une chante, l’autre pas.

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