«A fond» dans les enjeux du développement durable
Engagés dans le projet régional « Calypso », des lycéens ont présenté, mardi à la Bourse du travail, leurs travaux réalisés sur le thème de la gestion durable de la mer et du littoral
Avec plus d’une centaine d’élèves réunis au sein de la Bourse du travail – laquelle n’est pas réputée pour la qualité de son acoustique – on pouvait craindre une certaine cacophonie. Et pourtant, quand les groupes de lycéens venus de La Seyne, Hyères et Draguignan ont débuté la présentation de leurs travaux, l’entente était parfaite. Signe de l’intérêt porté pour les thèmes abordés. À l’évidence, les problématiques du développement durable leur tiennent à coeur. «En 2050, vous serez en pleine activité dans un monde qui comptera 10 à 11 milliards d’habitants à nourrir. Et vous serez pleinement confrontés aux enjeux du développement durable », leur avait énoncé en introduction Gérard Seurat, inspecteur académique en charge de l’éducation au développement durable.
« Une génération déjà sensibilisée »
Chacun leur tour, les jeunes acteurs du dispositif régional « Calypso » (lire ci-contre) ont donc restitué, devant leurs camarades, le fruit de leurs recherches et réflexions menées depuis plusieurs mois, ainsi que leurs propositions pour « une gestion durable et la mer et du littoral». Et, de l’avis unanime de leurs professeurs et encadrants, ils ont pris ce travail très au sérieux. «Ils se sont sentis concernés dès le départ par le sujet que nous avons choisi, la pollution par les microplastiques, relate Karyne Mouren, professeur de physique-chimie au lycée Beaussier (La Seyne). Cela peut s’expliquer par le fait que cette génération est sensibilisée, dès le collège, aux notions du développement durable. Résultat: quand ils arrivent au lycée, ils connaissent déjà plein de choses, à la fois sur les problématiques et les enjeux. » «J’ai travaillé avec quatre classes (dans trois lycées de Hyères) sur les thèmes de la surpêche, du tourisme et de la pollution, rapporte Marion George, responsable du pôle Var de l’association Naturoscope, partenaire du dispositif Calypso. Ce travail, c’est un partage de connaissances par lequel on accompagne les élèves pour orienter leur projet, après quoi ils effectuent leurs recherches eux-mêmes. Ils sont à fond, très impliqués. Ils m’ont bluffée par leur investissement et leur qualité d’expression. De la sorte, on les aide à se construire, comme des graines que l’on arrose pour les faire germer. »
« Les préparer aux défis de demain »
«Notre objectif commun est de mobiliser les générations futures sur des thèmes concrets, de les préparer aux défis qui les attendent, notamment celui de la transition énergétique. Car dans vingt ou trente ans, ils la vivront pleinement. Et cette transition sera à la fois environnementale, climatique, biologique, technologique et économique », souligne Ion Cepleanu, de l’association toulonnaise Mer Nature, également partenaire du dispositif Calypso. Au final, la restitution du travail des lycéens a fait forte impression auprès des auditeurs. Parmi eux, Raphaële Leguen, 1re adjointe au maire de La Seyne, qui s’est déclarée « très heureuse d’avoir ouvert nos portes à des initiatives aussi intéressantes. Amener les jeunes à mieux connaître les enjeux autour de la mer est important». Pour sa part, Sandra Torres, élue seynoise au conseil régional, n’a pas manqué de féliciter « tous les lycéens impliqués dans cette démarche pour la qualité de leurs projets et l’intérêt porté à la problématique ». Au terme de leur présentation, chacun d’entre eux s’est vu remettre une médaille et un diplôme décernés par la Région pour saluer leur travail. Lequel sera également évalué par les enseignants. Mais après tout, note Ion Cepleanu, «la meilleure évaluation sera sans doute de voir combien, parmi eux, se dirigeront vers des métiers liés aux nombreuses problématiques de la transition énergétique. Car avec cette démarche, ils découvrent des filières dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence ».
Calypso, késako ?
« Le dispositif Calypso a été lancé par la Région en avec trente classes, et il est monté en puissance pour concerner aujourd’hui élèves. Financé par le conseil régional ( €), ce projet pédagogique est destiné à éduquer les lycéens à la gestion durable de la mer et du littoral, autant qu’à favoriser la découverte des parcours professionnels liés aux métiers de la mer » ,résume la conseillère régionale Sandra Torres. Mené en collaboration entre l’Éducation nationale et la Région Paca, le dispositif s’appuie sur des structures fédérées par le Réseau Mer. En l’occurrence Le Naturoscope du Pradet et l’association Mer Nature à Toulon, qui apportent une valeur ajoutée par le biais d’interventions en classe et sur le terrain. chaque année, on monte un projet: l’an dernier, c’était sur la pollution générée par les mégots de cigarettes. Cette année, nous avons travaillé sur les micro-plastiques.» Dans ce cadre, les élèves ont effectué des prélèvements d’échantillons de sable qui ont été tamisés pour en récupérer les microplastiques, analysés ensuite par spectroscopie. Puis ils ont prélevé des échantillons d’eau de mer afin d’évaluer la quantité de microplastiques. Ils ont aussi réalisé la synthèse d’un bioplastique, alternative aux plastiques pétrosourcés.