Croix-Rouge : une grève pour de meilleurs salaires
Suivant un mouvement de contestation national, des employés de la métropole se sont mobilisés, hier, pour une revalorisation de leurs salaires
Devant la délégation territoriale varoise et l’Institut régional de formation sanitaire et sociale de la Croix-Rouge, à Ollioules, ils sont près d’une trentaine à pousser un coup de gueule contre leurs salaires jugés trop bas. Secrétaires, formateurs ou comptables de la célèbre organisation humanitaire, tous ont plus ou moins l’impression d’être les dindons de la farce. Aussi, entre midi et deux, ces salariés de la Croix-Rouge ont débrayé pour faire entendre leur voix à la direction nationale de la Croix-Rouge. Si l’action a une valeur plus symbolique qu’autre chose, la détermination n’en semble pas moins farouche…
Va-lo-ri-sa-tion
« Depuis 2010, la valeur de notre point d’indice salarial n’a augmenté que de 1,1 %, quand l’inflation a progressé de plus de 8. On veut une valorisation des salaires de tous afin de pallier cette différence », explique Nathalie Giran Lequenne, formatrice et déléguée du personnel. Et ce n’est que le début du cahier des doléances. « Nous voulons également une revalorisation des salaires des postes de travail les moins élevés (aide à domicile, livreur de repas, ambulancier, brancardier, assistant dentaire, cuisinier, etc.), certains gagnent moins que le Smic ! Et nous souhaitons une reconnaissance, notamment financière, de nos formations universitaires et de nos diplômes », complète Catherine Jourdan, une autre formatrice. C’est qu’à en croire les employés présents, celui qui s’est engagé dans la Croix-Rouge pour faire fortune s’est clairement trompé de voie. « J’ai trois masters et un diplôme d’État d’éducateur, mais les personnes ayant le même poste que moi dans d’autres structures touchent jusqu’à 600 euros de plus chaque mois », lâche Séverine Pasticerio, formatrice en travail social. « Moi, je suis secrétaire, j’ai 1 300 euros net par mois, alors que j’ai neuf ans d’ancienneté… », glisse Valérie.
Fins de mois compliquées
On est bien loin du salaire moyen, estimé à environ 1 600 euros nets mensuels… Et à ce train-là, les fins de mois deviennent vite compliquées. « Maintenant, pour changer mon lave-linge, je dois payer en plusieurs fois », souffle Houria Djebelnouar, éducatrice technique spécialisée venue de l’Institut médicoéducatif Folke Bernadotte, à La Seyne. Le mouvement de protestation a, en effet, touché différents centres métropolitains gérés par des salariés de la Croix-Rouge. Si, du côté du centre de radiothérapie de Sainte-Musse, on assure que personne n’a cessé le travail, une vingtaine des 47 salariés s’est mise en grève toute la journée dans l’établissement seynois. Le mouvement d’hier a été lancé au niveau national, par une intersyndicale regroupant la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, la CGT, FO et Sud. Plus de 650 établissements ont été touchés par des perturbations, tandis qu’un rassemblement a eu lieu devant le siège parisien de la CroixRouge. D’après les syndicats, sur les 18 000 salariés de l’organisation, 7 300 touchent le Smic, ou guère plus. « C’est un problème que l’on connaît, on fait ce qu’on peut, confie la direction régionale. Ces augmentations pourraient impacter des établissements déficitaires, et les grilles de rémunérations sont réglementées, on dépend des ministères. » Et de temporiser : « Tout le secteur est en crise, regardez ce qui se passe dans les maisons de retraite. On dépend beaucoup de l’argent public, on est content quand les budgets sont constants… » En avril, les syndicats ont rejeté une première proposition d’augmentation de la direction. Elle prévoyait notamment une augmentation du salaire minimum de… 3,20 euros mensuels.