Saint Eutrope, maître de l’eau et Patron du village
Si les habitants du village avaient coutume, jadis, d’implorer différents saints protecteurs, tels saint Eloi, sainte Barbe, sainte Magdeleine ou Notre Dame, le vrai patron de la paroisse n’est autre, en vérité, que saint Eutrope, vénéré depuis des siècles en Provence. En période de sécheresse, quand les paysans désespéraient de voir la pluie arroser leurs terres assoiffées, c’est lui et lui seul qui était sollicité. Son reliquaire, un buste en bois polychrome, était alors sorti de son alvéole, creusée dans l’entrée de la chapelle, et exposé sur une table au point culminant de la colline où il semblait défier les cieux. « De temps à autre, pour stimuler son génie défaillant, on l’aspergeait d’un seau d’eau qui délavait un peu plus ses couleurs. Et pour le punir lorsque le voeu n’était pas exaucé, on le tournait face au mur », raconte la légende.
Sant Estropi en provençal
Le saint était aussi invoqué par les paralysés et rhumatisants car, en “provençalisant” son nom, on obtenait sant Estropi, rapprochement osé il est vrai, avec “estropié”. Il était également imploré lors des épidémies de choléra qui décimaient les populations et aussi, plus tard, par les boulistes soucieux d’échapper aux coups maladroits. Enfin, un culte païen lui était dévolu dans la cité d’Orange, dont il fut le Pontife au Ve siècle. Les femmes faisant appel à ses lumières pour s’assurer une nombreuse progéniture : « Les enfants, disait-on alors, sont la richesse du pauvre... » De nos jours, un buste de saint Europe est conservé en l’église des Aires du Moulin. Un autre, plus ancien, datant du XVIe siècle (celui qui servait à implorer le ciel), a hélas disparu lors d’un cambriolage survenu dans la nuit du 1er au 2 mai 2006. Dans une chronologie épiscopale ancienne, saint Europe est décrit comme « un chrétien authentique, plein de fougue, de force et de courage, qui vivait sa foi sans compromission ».