L’angoisse d’une locataire face à un pyromane ravageur
Depuis une quinzaine de jours, la locataire d’un immeuble du quartier du Pont-du-Las fait face à des incendies volontaires à répétition. Terrorisée, elle n’ose plus sortir
L’angoisse, puis l’enfer. « Je m’enferme chez moi en permanence, je suis en prison dans mon propre appartement… » Depuis quinze jours, cette Toulonnaise résidant dans les quartiers ouest vit un calvaire. Marie (1), locataire au 540 avenue du XVeCorps, n’ose plus sortir de son appartement, à cause d’un pyromane compulsif qui rode dans son immeuble durant la nuit. « Lundi soir dernier, je regardais la télé lorsque j’ai senti de la fumée s’échapper de la cage d’escalier, raconte-t-elle. Je suis montée à l’étage, je suis rentrée dans l’appartement (inoccupé, Ndlr) et j’ai vu les flammes monter d’un placard de la cuisine. J’ai éteint l’incendie en lançant des seaux d’eau… »
Des insultes dans la cage d’escalier
Dans ce petit immeuble d’un étage, abritant trois appartements et deux locaux d’entreprise (une auto-école et un coiffeur), Marie vit seule dans un deux-pièces au rezde-chaussée, avec ses deux enfants en bas âge. Aujourd’hui, la jeune femme sans emploi n’en peut plus. «C’est le septième incendie en deux ans, déplore la brunette, qui dit avoir déposé trois plaintes. Et depuis quinze jours, c’est tous les soirs… » Dimanche dernier, une mise à feu avait été circonscrite sur la porte d’entrée fenêtre en bois de sa propre cuisine, où figuraient des traces d’effraction au « pied-de-biche ». La locataire avait alors aperçu, écrit au feutre blanc sur les carreaux, des tags insultants et menaçants. « Tuer. Police. Pu…, énumère-t-elle. Avec l’aide d’un ami, on a tout revissé et condamné l’accès à la fenêtre. » Ces griffonnages, la cage d’escalier en est truffée, sur la peinture blanche rénovée. Dont un énigmatique : « Hallah akbar Moi donner maison toi promis. » L’oeuvre d’un homme « fou » âgé d’une vingtaine d’années, selon la résidente (lire ci-contre) .« Une fois, je suis tombée nez à nez avec lui dans les escaliers, énonce-t-elle. Il m’a fait trébucher, et j’ai dévalé quelques marches. J’ai été blessée à la tête et à l’épaule. » Une fois de plus, Marie était seule, comme à chaque déclenchement assourdissant des détecteurs de fumée. « Dans la rue, personne ne bouge. »
« De l’acharnement »
En face de sa porte d’entrée, un bureau semble abandonné. À l’étage, l’appartement restera désert. « Je n’ai plus de locataire depuis le mois de décembre et je n’installe plus personne », indique de son côté la propriétaire, excédée. Elle a déposé sa « cinquième » plainte mardi, après l’incendie de la cuisine. « Ces dégradations ont repris le 4 mai dernier, lorsqu’il (le suspect, Ndlr) a commencé par mettre le feu à la porte d’entrée de l’appartement, se remémore-t-elle. Le dimanche suivant (le 7 mai), il a volé la serrure de la porte d’immeuble, tout était ouvert aux quatre vents… On a dû condamner tous les accès. » « C’est de l’acharnement, on a relevé des prospectus dans les cendres et senti des odeurs de produit inflammable », pointe la locataire apeurée. Elle a récupéré la clé de l’appartement à l’étage, pour s’y réfugier en cas d’urgence. Elle confirme aussi que les sapeurspompiers commencent à « saturer » à force d’intervenir. « L’association CHV (Collectif hébergement varois, Ndlr) a décidé de rendre les clés. À la suite des incendies de l’été dernier, je suis restée quatre mois sans eau, ni électricité. Là, c’est l’angoisse. Je psychote vraiment. J’attends un HLM depuis un an, et je n’ai nulle part où aller. » 1. Le prénom a été modifié. 2. « Dieu est [le] plus grand ».