Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Idées reçues «bêtes» que l’on a sur les ânes

La sixième Foire aux ânes, l’occasion de s’intéresser à organisée à partir de demain et jusqu’à lundi à Fréjus, est l’equus asinus sur lequel circulent tant de croyance et… d’âneries

- N. PASCAL

L’âne commun, ou equus asinus, est la forme domestique de l’âne sauvage d’Afrique, qui a été domestiqué dans la vallée du Nil vers 5 000 avant notre ère et utilisé très tôt dans l’histoire pour le transport des individus et des biens. Car c’est un fait : l’animal a depuis longtemps accompagné docilement l’homme… qui ne s’est pas toujours montré aussi reconnaiss­ant : bête, têtu, ignorant, borné, paresseux, porté sur la chose… Les idées que l’on se fait sur cet animal, à toutes les époques, sont pourtant loin de refléter la réalité. L’éleveur fréjusien Guy Garon, à la tête de l’associatio­n Les Ânes du Plan Guinet, à l’initiative chaque année de la Foire aux ânes à Fréjus – la prochaine commence demain (lire ci-dessous) – nous aide à y voir plus clair sur ce qu’il en est vraiment. Hi han !

« L’âne est un animal peu intelligen­t ».

Être un âne bâté, idiot comme une bourrique, bête comme un âne, faire l’âne pour avoir du son… À en croire ces expression­s, cet animal ne brillerait pas par son intelligen­ce. Or, assure Guy Garon, on n’a jamais écrit ni pensé une chose aussi absurde que cela : « C’est un animal très intelligen­t, au contraire. Je le constate tous les jours. Par exemple, il a une excellente mémoire, et il reconnaît très bien les gens… même les voitures ! » Et le fameux bonnet d’âne, alors ? « Il n’est que le reflet de ce qu’imagine l’homme, se gausse Guy Garon. Encore une idée fausse… » Couvre-chef utilisé pour punir un élève turbulent ou présentant de mauvais résultats, ce bonnet aurait toutefois, selon certains, une origine un peu plus positive qu’on ne pourrait l’imaginer. En effet, à en croire une hypothèse de plus en plus évoquée, le bonnet d’âne serait porté à l’origine, il y a plusieurs siècles, par les élèves afin d’acquérir l’intelligen­ce de l’âne. Idée hélas battue en brèche par de nombreux historiens, de nos jours, qui l’estiment fort peu probable « dans la mesure où l’âne est, depuis longtemps, considéré comme le symbole de la bêtise.» Il n’y a qu’à consulter les bestiaires médiévaux pour s’en convaincre…

On dit bien têtu comme un âne. Encore une fois, la sagesse populaire a-t-elle raison ? « S’il refuse de faire ce que l’homme lui commande, ce n’est pas sans motif valable », prévient Guy Garon, bien décidé à combattre ce qu’il appelle à nouveau une idée reçue. « Il fait simplement ce qu’il peut faire. S’il rechigne à exécuter un ordre, ce n’est pas par caprice. C’est juste qu’il est très méfiant, et ne s’engage sur un chemin que s’il ne détecte aucun danger. » Après tout, ne dit-on pas que la méfiance est un signe d’intelligen­ce ? Pour l’éleveur fréjusien, tout est une question de confiance : « Ila besoin de sentir celle de son guide, et l’humain, quant à lui, doit aussi de son côté lui accorder sa confiance. Quand les deux se comprennen­t, tout fonctionne très bien ! »

«L’âne est moins utile qu’un cheval ou qu’un mulet ».

Avant tout, rappelons qu’une mule ou un mulet est l’hybride né(e) d’un âne mâle et d’une jument, tandis que le bardot naît d’un cheval mâle et d’une ânesse. Le baudet est le nom de l’âne mâle reproducte­ur qui, avec une ânesse, donne un ânon. Une fois ces considérat­ions sémantique­s énoncées, quelles sont les différence­s ? « Un âne est plus résistant qu’un cheval, assure Guy Garon. Il craint moins le froid, il est moins fragile. » De plus, au-delà de son aptitude à porter des charges lourdes – à l’échelle de l’histoire, il demeure le second animal domestiqué mis au service du transport après le boeuf – c’est également un excellent débroussai­lleur ! «Il va là où les engins de débroussai­llement ne vont pas. Il est très précieux! D’ailleurs, certains de mes ânes occupent cette tâche au bout de la base nature. » Mais c’est ainsi, les clichés ont la vie dure…

 ?? (Photo Philippe Arnassan) ?? L’éleveur fréjusien Guy Garon et son associatio­n des Ânes du Plan Guinet comptent bien redorer le blason de ces animaux grâce à la foire qu’il organise.
«L’âne est un animal têtu ».
(Photo Philippe Arnassan) L’éleveur fréjusien Guy Garon et son associatio­n des Ânes du Plan Guinet comptent bien redorer le blason de ces animaux grâce à la foire qu’il organise. «L’âne est un animal têtu ».

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