BURNING FAIT LONG FEU
Lee Chang-dong adapte mollement une nouvelle creuse de Murakami
Ne pas se fier au titre mensonger. Il n’y a rien de brûlant dans Burning, thriller psychologique coréen dont la lenteur ferait passer un épisode de Derrick pour du Jason Bourne. À 1 h 30 de projection, il se passe enfin quelque chose. Puis plus rien jusqu’à la scène finale, une heure plus tard. En dehors d’une séquence de danse réussie sur la musique d’Ascenseur pour l’échafaud (Miles Davis), il n’y a pas de quoi s’échauffer. Le film a d’ailleurs été salué d’applaudissements polis, sans plus. On pouvait espérer mieux du nouveau film de Lee Chang-dong, qui nous avait ravis avec Secret Sunshine(prix d’interprétation féminine 2007) et surtout Poetry (prix du scénario 2010). Bur ning raconte l’histoire d’un trio de jeunes coréens (à la Jules et Jim, forcément) : Jongsu (Yoo Ah-in) et Haemi (Jun Jong-seo) sont originaires de la même campagne. Ils se retrouvent par hasard à Séoul et entament une liaison aussitôt interrompue par le départ en Afrique de la jeune femme. À son retour, elle est accompagnée de Ben (Steven Yeun), un beau garçon rencontré pendant le voyage, qui fait partie de la jeunesse dorée de Séoul, avec Porsche 911 Carrera et luxueux penthouse à Gangnam. Pas difficile de dire avec lequel des deux la jolie et fauchée Haemi finira. Dans un premier temps, les trois jeunes gens continuent à se fréquenter. Jongsu, qui doit provisoirement tenir la ferme de son père, affiche l’ambition de devenir écrivain. Un écrivain, ça fait toujours chic dans ses relations. Et il amuse Ben, qui regarde les autres avec condescendance du haut de sa bonne fortune. Puis, au bout d’1h30 donc, Haemi disparaît mystérieusement et Jongsu soupçonne Ben de l’avoir tuée. À moins qu’il ne soit en train de faire de cette disparition soudaine le sujet du fameux roman qu’on ne le voit jamais écrire ? Tout ça prend des plombes. Le héros (Jongsu) a l’air totalement abruti et on se doute de comment ça va finir. Le film est une adaptation d’une courte nouvelle d’Haruki Murakami. Elle a plu à Lee Chang-dong parce qu’« il ne s’y passe rien »...