ET DERNIÈRE ÉTAPE) Froome est l’imperatore
Premier Britannique vainqueur du Giro en 101 éditions, Chris Froome a surmonté les obstacles pour gagner hier, dans le cadre prestigieux de la Rome antique, ce qui pourrait être son troisième grand tour consécutif s’il n’est pas sanctionné par les autorités antidopage. Son triomphe sur les Forums impériaux, où l’Irlandais Sam Bennett s’est adjugé la 21e et dernière étape dans une course au rabais (temps neutralisés à 80 km de l’arrivée), a conclu un parcours longtemps chaotique. Du départ de Jérusalem, une nouveauté historique de ce Giro, aux Alpes du Piémont et du val d’Aoste, le quadruple vainqueur du Tour de France a vécu ce qu’il a appelé « la plus grande bataille de (ma) carrière ». Quatrième du classement à trois jours de l’arrivée, Froome a renversé les codes pour s’emparer vendredi du maillot rose à Bardonecchia, au prix d’une échappée solitaire de 80 km. « Le robot du cardio-fréquencemètre et du régime est devenu pour tous le champion du courage, le rêveur capable de faire ce que les autres n’avaient même pas imaginé », s’est enthousiasmé hier le journal organisateur, la Gazzetta dello Sport, qui avait fait référence la veille aux mânes du « campionissimo » absolu Fausto Coppi (1919-1960).
Une « story » rose ?
Les autres protagonistes de la course au maillot rose ont été relégués au rang de faire-valoir au moment des récompenses. Est-ce pour autant une « story » couleur rose pour un coureur qui aurait touché, selon les médias israëliens, une prime d’engagement comprise entre 1 et 2 millions d’euros? Froome, qui est régulièrement escorté de deux gardes du corps mais reste d’une imperturbable courtoisie envers ses interlocuteurs, a seriné le discours souvent entendu à la fin de ses Tours de France victorieux : « une course incroyable », « une victoire spéciale ». Et aussi : « j’ai la conscience pour moi ». « Je suis propre », a répété le leader protégé de l’équipe Sky, une formation qui dispose du plus gros budget du peloton et travaille sur la recherche pour se situer à l’avant-garde en plusieurs domaines (matériel, entraînement, récupération, etc). Mais le lourd contexte de son contrôle antidopage « anormal » crée un doute persistant et légitime autour de lui, ainsi qu’un risque d’annulation de ses résultats. S’il était disculpé, Froome serait le premier coureur du XXIe siècle, le troisième de l’histoire après Eddy Merckx et Bernard Hinault, à gagner trois grands tours consécutifs (Tour, Vuelta et Giro dans l’ordre). A 33 ans, il porterait à six ses victoires dans les grands tours et rejoindrait le clan réduit des coureurs vainqueurs dans les trois pays (Anquetil, Gimondi, Merckx, Hinault, Contador, Nibali). Les autres adversaires de Froome, qui ont suivi le Giro à la TV, sont également avertis dans l’optique du Tour, dont sa participation reste indécise suite à son contrôle positif sur la Vuelta. « L’Imperatore », le titre choisi par le journal organisateur, est venu, a vu, a vaincu. Jusqu’à quand ? Thibaut Pinot souffre d’une pneumopathie Thibaut Pinot, sorti de l’hôpital d’Aoste hier en milieu de journée, souffre d’un début de pneumopathie, a annoncé son équipe Groupama-FDJ. « C’est ce qui explique sa forte fièvre au cours de l’étape (de samedi où il a abandonné alors qu’il était 3e du général) alors qu’il n’en avait pas le matin », a précisé la formation française. Le Franc-Comtois, qui devra « observer une période de repos complet », a commencé le traitement à l’hôpital.