Recruter par simulation: un pass pour l’emploi bien réel
Placer les candidats en situation réelle pour mieux évaluer leurs aptitudes. Telle est la méthode proposée par Pôle emploi pour une centaine de métiers. Avec des résultats probants à la clé
Finalement, pour décrocher un emploi, ne serait-il pas mieux de faire «comme si»? Tel est le pari des partisans de la méthode de recrutement par simulation (MRS). Une alternative au traditionnel triptyque CV-lettre de motivation-entretien, proposée par Pôle emploi. Huit plateformes la déclinent en région Paca, dont deux dans les Alpes-Maritimes (à Nice et au Cannet) et une dans le Var (à Toulon). Zoom sur ce tremplin bien réel vers l’emploi (1).
Le concept
Apparu en France en 1985, le recrutement par simulation connaît sa première mise en oeuvre à grande échelle en 1995. Le groupe Heuliez l’utilise alors pour recruter 2 000 salariés pour Peugeot-Citroën. «Mais la réelle mise en route date de 2005, avec la création des plateformes de vocation, ces unités Pôle emploi dédiées», explique Stéphane Vayssette, conseiller à la plateforme de Nice. Les créateurs de cet outil se sont inspirés du Canada, où des recruteurs privilégient les «habiletés» (hability) des candidats. Objectif : évaluer la « capacité à travailler en équipe, à faire face à un aléa, à faire preuve de dextérité, à travailler sous tension... », pour coller aux attentes d’un recruteur. Selon Stéphane Vayssette, « ce n’est pas vraiment dans les mentalités en France, mais on y arrive! L’important est de mettre en oeuvre du tutorat ou de la formation, ensuite, pour accompagner le candidat vers le poste.»
La pratique
La MRS comprend trois étapes. Primo, se rendre à une réunion d’information dédiée au métier ciblé. Secundo, participer à la journée de sélection, avec un certain nombre de points à atteindre. Tertio, passer un entretien. En pratique, «on fait une analyse de poste, puis on met le candidat en situation de travail, dans des conditions analogues », explique Stéphane Vayssette. Exemple ? La campagne menée ces jours-ci par Arwe à l’aéroport Nice Côte d’Azur. Le groupe recrute plus de 150 personnes pour assurer le nettoyage des véhicules de location cet été. Chez Pôle emploi, pas de voitures grandeur nature, mais des caisses de métal comportant de multiples informations. Le défi: repérer l’anomalie. Une sorte de Cherchez Charlie, pimenté par les interventions et consignes intempestives de l’employeur. Ce test permet d’évaluer «le savoir-être davantage que le savoirfaire», résume Sabine Leduc, directrice ressources humaines d’Arwe France.
Les possibilités
La MRS concerne une centaine de métiers. Le panel est large. Liste non exhaustive: éducation (auxiliaire de vie scolaire), santé (aide à domicile), services (technicien de prestation sociale, téléconseiller), industrie (monteur-câbleur, télécom), commerce (hôte de caisse, employé de libre-service ou drive, mais aussi manager ou responsable de rayon), transport (chauffeur), tourisme (agent d’escale, agent de piste, préparateur de véhicule de location...) ou encore métiers du numérique (codeur...). « Cette méthode s’utilise pour des recrutements en nombre : soit en entreprise, soit mutualisés, prévient Stéphane Vayssette. Elle ne s’applique pas à tous les domaines » .Nià tous les postes, du reste. Sabine Leduc, chez Arwe, l’a testée « pour les agents de réception : là, ça ne marche pas. »
Les avantages
Cette méthode gratuite – pour les entreprises comme les candidats – permet à ces derniers «de se révéler lors d’une mise en situation. Cela peut valoriser les individus, élargir l’accès à l’emploi à d’autres profils et faire tomber des barrières discriminantes», salue Stéphane Vayssette. L’an passé, sa plateforme a évalué 1050 personnes. Sur les 770 retenues, 636 ont trouvé un emploi. Soit un «taux de placement» très intéressant de 82 %. Côté employeur, c’est tout bénef aussi. Et pas seulement «pour le gain de temps énorme», dixit Sabine Leduc. Chez Arwe, 90 % des recrutés par MRS restent toute la saison. «On ne regarde pas le CV des candidats. Moi, je cherche juste des gens qui ont envie de travailler!» 1. Plus d’infos sur www.pole-emploi.fr