Var-Matin (La Seyne / Sanary)

LE SUICIDE D’UN COLLÉGIEN SEYNOIS

Un adolescent de 14 ans, scolarisé à La Seyne, s’est donné la mort chez lui, ce mercredi. Après l’hommage qui lui a été rendu, des collégiens expriment leur désarroi. Comme leurs parents.

- SO. B. sbonnin@varmatin.com

Jeudi, ils ont posé des roses blanches dans la cour. Autour de la photo de leur camarade, ils ont écrit des mots d’affection. L’inimaginab­le et l’irréparabl­e s’est immiscé dans la vie des élèves du collège L’Herminier, à La Seyne. Et des adultes qui y travaillen­t. C’était mercredi dans la matinée. Alors que les collégiens sortaient dans la cour de récréation, la nouvelle s’est répandue. Un choc terrible. Ce qui ne devrait jamais se produire. Mathéo, 14 ans, s’est donné la mort. Il a été retrouvé à son domicile. Un suicide par pendaison. Les parents d’élèves ont été prévenus par la plate-forme d’échanges avec le collège. «On a eu besoin d’en parler tout de suite, confie une mère par téléphone. On essaie de répondre au mieux, de dire les choses clairement.» Devant l’établissem­ent, un autre parent livre son sentiment. « La nouvelle m’a anéantie. Je suis de tout coeur avec les parents, je ne les connais pas, mais je vais demander à pouvoir leur écrire ».

« On aurait pu l’aider ? »

Les collégiens croisés sur le parvis expriment la même stupeur, racontent un garçon, en classe de 4e,« gentil, qui respectait les autres ». « Il était drôle aussi», ajoute une adolescent­e. « L’ambiance au collège est pesante, personne ne rigole, on a des frissons dès qu’on pense à lui. » Dans un petit groupe de trois camarades, une jeune fille s’interroge : « On aurait pu l’aider ? » Chacun est dépassé par cette souffrance. Dès mercredi, une cellule de soutien psychologi­que a été ouverte et tous les élèves qui le souhaitaie­nt ont été reçus. Hier, seuls les élèves de 3e qui passaient un examen sont venus au collège. Un oral qui compte pour le brevet – « c’est la première fois cette année ». Et c’était aussi leur premier examen. Il a fallu faire face. Ici comme sur les réseaux sociaux, beaucoup de jeunes affirment que Mathéo faisait l’objet de brimades et a été harcelé. « Dès qu’on est différent, on peut être rejeté». L’enquête va s’attacher à vérifier si un signalemen­t a pu être fait à ce sujet. Mais pour l’heure, «il n’y a aucune plainte dans ce sens », indique une source policière. Par ailleurs, il y avait « une situation familiale conflictue­lle », indique une source judiciaire. Un suicide est toujours un phénomène complexe et qui dépend de plusieurs facteurs. Mais sur lequel faire de la prévention est possible. Même indispensa­ble.

« N’hésite jamais à me dire»

Bouleversé­e, la mère d’une élève de 3e explique combien il était important de parler avec sa fille. « On sait que l’adolescenc­e peut être un moment difficile. La peur, pour nous parents, est de passer à côté, de ne pas voir.» À sa fille, elle a dit sans ambiguïté : « N’hésite jamais à me dire, si quelqu’un te fait du mal, te terrorise. Même si tu as fait une erreur. Je sais qu’avec les réseaux sociaux, ça va vite. Il n’y a rien de grave, c’est toi qui es importante ». Les collégiens savent qu’il y a une psychologu­e scolaire dans l’établissem­ent et qu’ils peuvent la rencontrer. Elle reçoit également les parents. Le harcèlemen­t fait l’objet d’une interventi­on auprès des classes de 5e, témoignent des collégiens. Comme après tout décès violent, une enquête de police a été ouverte, sous l’autorité du parquet de Toulon. Réalisée jeudi, une autopsie a confirmé la cause de la mort. Selon nos informatio­ns, l’adolescent était suivi sur un plan psychologi­que. Et il y avait eu, hélas, des gestes avant-coureurs.

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(Photo So. B.) Hier midi, au collège L’Herminier, où des élèves passaient un examen oral du brevet. Jeudi aprèsmidi, une minute de silence a été observée.

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