Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Quinze ans confirmés pour le braqueur de La Seyne

Le calendrier judiciaire n’a pas été favorable à Smaile Zairi, qui espérait voir sa peine réduite de moitié, pour l’aligner sur celle de son complice. Il avait frappé une bijoutière pour la voler

- G. D.

Il avait été condamné, par défaut criminel, l’ex-contumace, à quinze ans de réclusion le 24 mai 2017 par la cour d’assises du Var, pour un vol à main armée avec violence commis le 11 février 2014 dans une bijouterie de La Seyne-sur-Mer. Hier, Smaile Zairi a vu sa peine confirmée par les jurés varois. Il a reconnu avoir commis ce hold-up en compagnie d’Aziz Chaib Ainou, le concubin de sa cousine, condamné en 2017 à sept ans d’emprisonne­ment. Son espoir était de recevoir une peine similaire, en dépit du fait qu’il avait frappé la bijoutière qui lui avait résisté, et avait ouvert le feu dans le magasin. Ce jugement est intervenu le lendemain du verdict de la cour d’assises des Alpes-Maritimes, condamnant à une peine de cinq ans avec sursis le bijoutier niçois qui avait ouvert le feu sur les deux braqueurs qui l’avaient attaqué.

Pour l’exemple

Ce hasard de l’actualité judiciaire a été mis en relief par l’avocat général Dominique Mirkovic, en introducti­on de son réquisitoi­re. Il soulignait assez le rasle-bol des petits commerçant­s des centre-villes, « notamment les bijoutiers qui sont devenus les cibles privilégié­es de braqueurs marseillai­s, qui viennent commettre des attaques dans le Var, réputé moins risqué ». « À force de mentir, on arrive à la vérité. » Citant Dostoïevsk­i, l’avocat général estimait que, malgré les versions contradict­oires données par l’accusé, «on est arrivé à la vérité judiciaire ». « Il tente de minimiser son rôle pour réduire sa peine, en disant: “J’ai fait la même chose qu’Aziz Chaib Ainou, condamnezm­oi comme lui à sept ans et pas quinze”. Mais c’est l’utilisatio­n par Smaile Zairi d’une arme qui va faire sa peine plus importante. » Il a requis quinze ans, « une peine exemplaire et dissuasive, pour éviter que, comme à Nice, des gens exaspérés se fassent justice eux-mêmes ».

La défense plaide l’amateurism­e

« On veut faire payer à Zairi la hausse de la délinquanc­e, a objecté Me Gabriel Dumenil. Mais ce braquage est un projet d’amateurs, tellement peu réussi que ça en devient presque risible. » Et de résumer l’accumulati­on de preuves laissées sur place par Smaile Zairi et Aziz Chaib Ainou : empreintes digitales, ADN, photos de la vidéosurve­illance, scooter volé et bijoux retrouvés chez eux. Le défenseur a pris les jurés à témoins : « Ils s’installent une heure à la terrasse d’un café voisin du commerce qu’ils vont attaquer, et ils emportent des bijoux factices ! » Me Dumenil leur a demandé de mettre les deux braqueurs sur un pied d’égalité. « Certes Aziz Chaib Ainou en a fait un peu moins, mais ça ne mérite pas pour Smaile Zairi, une peine du simple au double. » Les jurés ont décidé de prendre en compte le point de vue de la victime.

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