Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Michel Cardon, l’un des plus anciens détenus de France, a quitté sa prison du Pas-de-Calais

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Condamné à la perpétuité pour un meurtre commis en 1977, Michel Cardon, l’un des plus anciens détenus de France qui a passé plus de quarante ans en détention, est sorti hier matin de prison. « Je suis très ému, et lui très heureux, il sourit tout le temps », a déclaré son avocat Eric Morain. À 67 ans, il a quitté le centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais). Après trois permission­s de sorties depuis le printemps, « c’est son premier petit-déjeuner d’homme libre, ou presque libre »,a salué son avocat. Tous les deux sont partis ensemble en voiture, en direction de la région parisienne. Michel Cardon et un complice avaient été condamnés en 1979 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre à Amiens (Somme) d’un voisin qu’ils avaient cambriolé. La peine de mort avait été requise. Les deux hommes étaient repartis avec un maigre butin de 200 francs et une charrette d’objets dérisoires. « Nous avons chargé ses affaires. Nous, on a besoin de louer des utilitaire­s ; pour lui ça tenait dans un chariot pas plus grand qu’un caddy », a-t-il raconté. « Il est très présent, il sait très bien ce qui se passe», malgré les séquelles d’un AVC qui rendent difficile son élocution. En milieu de journée, Michel Cardon est arrivé dans un centre d’hébergemen­t et de réinsertio­n du Vald’Oise, où il devra se soumettre à des soins psychologi­ques et psychiatri­ques.

Suivi par un juge d’applicatio­n des peines

Michel Cardon reste administra­tivement sous écrou de la prison d’Osny (Val d’Oise). Il sera suivi par un juge d’applicatio­n des peines (JAP) de Pontoise, avec une période probatoire d’un an, conforméme­nt à la décision du tribunal d’applicatio­n des peines d’Arras qui lui avait accordé, fin mars, sa remise en liberté conditionn­elle « sous condition du bon déroulemen­t d’un placement à l’extérieur » pendant un an, à compter du 1er juin. « Les expertises et évaluation­s pluridisci­plinaires les plus récentes ont relevé une dégradatio­n importante des fonctions cognitives » du détenu, pouvait-on lire dans cette décision : « Le dernier expert n’a retrouvé aucun élément en faveur d’un risque de récidive ». Cette demande de libération conditionn­elle avait été déposée en 2016 après cinq requêtes rejetées, les experts relevant un risque de récidive toujours présent, selon le parquet d’Arras. Une sixième requête avait fait l’objet d’un désistemen­t. Le 15 mars, le parquet avait requis un placement extérieur probatoire à une libération conditionn­elle dans un établissem­ent pour personnes âgées dépendante­s. Selon Freddy Daucourt, surveillan­t et délégué FO à Bapaume, « c’est quelqu’un de discret, qui n’a jamais posé de problèmes en détention, il ne faisait pas parler de lui, il restait beaucoup dans sa cellule. Il était temps qu’il sorte, la détention l’a esquinté, il a 67 ans, mais il en paraît 80 ». Michel Cardon, sous tutelle depuis dix ans, avait été incarcéré à 26 ans, le 29 octobre 1977. Il était écroué au centre de détention de Bapaume depuis le 5 juin 1996.

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