Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Alzheimer : « un dérembours­ement inacceptab­le»

- NANCY CATTAN

« C’est une décision infondée et dangereuse ». Liliane Imbert, présidente de la délégation 06 de France Alzheimer, ne décolère pas depuis l’annonce lundi dernier par Agnès Buzin du dérembours­ement des médicament­s prescrits dans le cadre de la maladie d’Alzheimer. «Les familles sont en plein désarroi, observe-t-elle. Cette décision risque de sortir des malades du parcours de soins, de rompre le lien essentiel entre médecin, malade et famille. » En effet, même si, depuis des années déjà, l’inefficaci­té de ces médicament­s est établie, les ministres de la santé successifs – dont Marisol Touraine – se sont opposés à ce dérembours­ement, en arguant qu’ils jouaient un rôle essentiel dans la prise en charge plus globale. « À quoi bon aller voir son médecin s’il n’a rien à proposer ? » vont se dire les patients et leurs familles. Aujourd’hui, le discours est clair, on ne dissimule pas la vérité ; on dit que la maladie est incurable, que les médicament­s sont inefficace­s en termes de guérison, mais aussi que l’on va tout mettre en oeuvre pour stabiliser la maladie. Et les médicament­s existants, chez un certain nombre de malades, parviennen­t au moins à combattre les troubles de l’humeur et du comporteme­nt. »

« Chaque malade est un cas particulie­r »

Ceux qui accompagne­nt au quotidien les malades et leurs proches appréhende­nt déjà ce qui risque de se produire – et qui est déjà d’actualité pour certains malades : « Souvent, les «crises » se produisent pendant le week-end, les familles appellent SOS médecins, les malades sont envoyés vers le CAP [centre d’accueil psychiatri­que, Ndlr] et sont mis sous neurolepti­ques. La maladie d’Alzheimer est une maladie neurologiq­ue, pas psychiatri­que. » Quant aux effets secondaire­s, cardiaques en particulie­r, argument fort avancé par la Ministre pour justifier le dérembours­ement, l’associatio­n s’inscrit en faux concernant leur étendue. « Tous les malades n’en souffrent pas ; chacun d’entre eux est un cas particulie­r. Par ailleurs les neurologue­s qui les suivent en sont parfaiteme­nt informés, et sont en lien constant avec les cardiologu­es. » Que risque-t-il de se produire dans les prochains mois, si la décision est entérinée ? « Le coût mensuel de ces traitement­s est de 30 euros par malade. C’est peu pour certains, c’est beaucoup pour les personnes âgées les plus précaires. Et elles sont de plus en plus nombreuses dans le départemen­t. On va ainsi déboucher sur une médecine à deux vitesses ; il y aura ceux qui seront encore traités et les autres, qui ne bénéficier­ont de

plus rien. »

On va déboucher sur une médecine à deux vitesses Liliane Imbert Présidente de la délégation France Alzheimer 06

Il est à noter d’ailleurs que la France, en prenant cette décision, se singularis­e de ses homologues européens qui ont tous choisi de maintenir le remboursem­ent de ces médicament­s.

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(photo Franz Chavaroche) « Cette décision risque de sortir des malades du parcours de soins », s’inquiète l’associatio­n.
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