Jurgen Hempel, un maestro pas classique à l’Opéra
Le chef d’orchestre hollandais sera le nouveau directeur musical de l’Opéra en septembre, mais il dirige déjà Nabucco en ce moment. Un féru d’univers différents, jusqu’au contemporain
Le nouveau directeur musical de l’Opéra, Jurjen Hempel, n’est pas un inconnu pour les Toulonnais. En 2015, il y a dirigé son premier concert, avec comme soliste la violoniste russe Alina Ibragimova – «que j’admire beaucoup», précise-t-il – avant de passer au lyrique avec L’enlèvement au sérail, ilyaunan.« On avait bien travaillé dans une atmosphère fantastique », explique-t-il, à propos des musiciens. Depuis, entre le chef hollandais et l’Opéra, tout semble avoir coulé de source, comme sur une partition bien écrite. «Si vous n’êtes pas heureux dans ce que vous faites, ne le faites pas », précisera au détour de la conversation, le chef qui dit avoir accepté ensuite comme une évidence la mission de succéder à l’Italien Giuliano Carella, par la grâce d’un simple coup de fil de la direction de l’Opéra.
« Tout me fascine »
Une vision plutôt exigeante de la vie, qui se combine à une spontanéité proche de l’épicurisme, que n’aurait peut-être pas renié le précédent maestro, qui a oeuvré plus de dix ans à Toulon. Pour Jurjen Hempel, l’état de grâce se poursuit depuis avec son équipe, en ce moment avec le monument de Verdi, Nabucco .« C’est vraiment travailler ensemble, se sentir bien ensemble. Les musiciens sont les meilleurs quand ils bossent dans le confort». Ce qui n’exclut pas l’exigence. Son style : « Mon intention en tant que directeur musical est toujours de trouver le style qui est propre au compositeur. Quand ils jouent Mozart, cela doit sonner différemment que quand ils jouent Verdi, ou quand ils jouent Turandot ou Puccini, etc. Je suis vraiment conscient de la performance stylistique, ce n’est pas nouveau, mais c’est ce qui me fascine », explique-t-il. Et pour cela, il n’y a pas de secret.« Je passe beaucoup de temps à étudier, écouter, apprendre. Je recommence chaque fois à zéro à chaque nouvelle pièce pour trouver en quoi cette musique est spéciale ». Apprendre, s’immerger à chaque fois dans un univers élargit les frontières. « Tout me fascine. Au contraire de “je suis spécialiste de cela et je ne touche pas au reste”, je veux tout faire et je veux faire bien aussi. Bach est spécial, Mozart est spécial...»
Fan de Boulez
Et cela va plus loin. Il a travaillé avec l’Ensemble intercontemporain fondé par Pierre Boulez : « La France est une école exceptionnelle pour la musique contemporaine ». On a presque honte de notre tendance à cloisonner la culture en France, à l’entendre déclarer le plus simplement du monde : « J’aime vraiment la musique contemporaine et j’aime vraiment la musique classique et baroque». On aura l’occasion de s’en rendre compte avec Le Cosmicomiche, opéra contemporain de
Guy Braunstein, au violon. Jérôme Gay (directeur adjoint de l’Opéra, nldr) réussit à toujours avoir les meilleurs solistes à Toulon, chapeau !»
« C’est un programme incroyable pour la prochaine saison : Le Requiem de Mozart que l’on jouera deux fois ( et
nov., ndlr), Le Barbier (, , déc.), l’une des plus glorieuses pièces du répertoire d’opéra, Turandot, comme une coupe du monde de football, tellement spécial ! (,, janv.) Menotti est tellement amusant, joyeux (, avril).»