Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le protection­nisme américain de Donald Trump

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Il l’avait dit, il l’a fait. Donald Trump vient de l’annoncer par la voix de son secrétaire au commerce : les EtatsUnis appliquero­nt des taxes douanières importante­s sur l’acier et l’aluminium importés de l’Union européenne : % sur l’acier, % sur l’aluminium. Une confirmati­on de la stratégie protection­niste américaine, évidemment. En même temps qu’un coup dur pour les pays européens, et au premier chef pour l’Allemagne dont les exportatio­ns vers l’Amérique de ces métaux sont sans comparaiso­n plus importante­s que celles de la France. Emmanuel Macron a beau dénoncer une « décision illégale » vis-à-vis des accords de commerce mondiaux, il n’en reste pas moins que Donald Trump n’a pas hésité à mettre l’Europe, avec le Canada et le Mexique, au nombre de ses adversaire­s économique­s. Car la réaction de Bruxelles – taxation du jus d’orange, du Bourbon, ou du beurre de cacahuète – semble bien faible par rapport à la décision américaine. Au rôle de guide des pays occidentau­x, le Président des Etats-Unis, « America first » oblige, préfère promettre, ce qui n’est pas garanti, aux ouvriers américains plus d’emplois, des salaires plus élevés dans leur propre métallurgi­e. Une raison essentiell­e à cela : à six mois des élections de mid-term ,àla moitié de son mandat, il entend conserver intact l’électorat qui l’a élu en , c’est-à-dire, au-delà des Républicai­ns dont il était le candidat officiel, une frange populaire qui se disait abandonnée par Hillary Clinton, dénoncée comme la « candidate des riches ».

Le malheur est que, pour répliquer à l’ukase de Donald Trump, l’Europe paraît aujourd’hui particuliè­rement faible : l’Espagne et l’Italie sont imprévisib­les, l’Angleterre s’empêtre dans son Brexit, les pays de l’Est européen entendent conserver leurs liens avec les Etats-Unis. Face à ce qu’il faut bien appeler un chaos, seuls l’Allemagne et la France, encore qu’inégalemen­t touchées par les taxations Trump, présentent un front uni. De deux choses l’une : ou bien le Président américain parvient à fracturer davantage cette Europe en mauvais état. Ou bien, au contraire, celle-ci fait front commun, et s’unit contre lui. L’Europe a un choix clair à faire, entre la dispersion et la reconstruc­tion.

« Donald Trump n’a pas hésité à mettre l’Europe, avec le Canada et le Mexique, au nombre de ses adversaire­s économique­s.»

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