Foot : des soupçons de matches arrangés en Ligue au tribunal
Des patrons de clubs qui s’appellent avant les rencontres, des intermédiaires « peu fiables » et le maintien controversé en Ligue 2 du club de Nîmes: neuf protagonistes de l’affaire des matches présumés arrangés de L2 en 2014 sont jugés à Paris à partir d’aujourd’hui. Le tribunal correctionnel juge jusqu’à vendredi neuf hommes âgés de 38 à 71 ans, parmi lesquels Jean-François Fortin, l’ex-président de Caen (actuel pensionnaire de L1) tout juste débarqué du club, et d’anciens patrons de l’équipe de Nîmes. L’affaire concerne sept matches de L2 disputés en fin de saison 2013-2014 par Nîmes, alors menacé de relégation: ceux contre Bastia (1-1), Dijon (défaite 5-1), Brest (11), Laval (victoire 2-1), Caen (1-1) et Créteil (1-1). Mais également le match contre Istres (victoire 1-0), que le parquet national financier avait pourtant écarté dans son réquisitoire. Les prévenus ont nié toute intention corruptrice. Au coeur de l’affaire: la rencontre Caen-Nîmes du 13 mai 2014, soldée par un nul qui avait permis au club normand d’accéder à la Ligue 1 et aux Nîmois d’éviter une relégation en National, lourde de conséquences financières pour leurs récents repreneurs. Jean-François Fortin et JeanMarc Conrad, alors président des «Crocodiles» nîmois, seront jugés pour corruption respectivement passive et active.
Un nul convenu ?
Le scénario d’un partage de points était apparu dans des conversations entre les deux patrons, interceptées par les enquêteurs. Alors que chacun convenait qu’il lui fallait un point, Jean-François Fortin concluait en ces termes: « Ben si on est pas trop con, hein ! » D’après l’enquête, les dirigeants nîmois avaient en outre déposé des cartons de vin devant les vestiaires des Caennais. Si les footballeurs avaient clairement levé le pied, « aucun élément » ne permet d’affirmer que JeanFrançois Fortin a « effectivement demandé à (...) ses joueurs de jouer le match nul », selon l’ordonnance du juge Serge Tournaire. Mais pour le magistrat, le simple fait que Jean-François Fortin ait « agréé à une proposition d’arrangement aux fins d’obtention d’un match nul » suffit à constituer le délit de corruption passive. Marc Conrad sera aussi jugé pour association de malfaiteurs en vue de la préparation du délit de corruption sportive pour 5 autres matches. Serge Kasparian, qui venait de reprendre avec lui le club nîmois, sera jugé pour le même délit concernant 6 matches.